Voyage au cœur de la machine
Cet article a paru dans le numéro 223 (octobre 2016) du magazine Le Manager.
Pendant longtemps, nous pensions dur comme fer que la potion magique pour tous les problèmes de la Tunisie se résume en un seul mot : démocratie.
Avec un gouvernement élu démocratiquement sur fond de liberté d’expression, la Tunisie pourrait engager des restructurations et des réformes nécessaires pour accélérer le processus de développement. C’est du moins ce que nous avons tous cru.
Mais voilà que, six ans après la révolution, les Tunisiens découvrent que la démocratie est certes nécessaire, mais loin d’être suffisante, quand elle se limite à une simple explosion des libertés. Le choc de la démocratie allait balayer toutes les entraves à l’investissement et libérer la croissance.
“Le but de la conférence est d’inviter le maximum d’investisseurs pour apprécier les changements qui ont eu lieu en Tunisie.”
Le chemin est encore long pour mettre définitivement le pays sur le sentier d’une croissance durable et inclusive. Mais, comme disait Confucius, un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas. Afin de mettre fin à une demi-décennie de désappointement, de stagnation ou tout au plus de croissance atone, le gouvernement a mis en place tout un plan ayant pour but d’amorcer la relance et le redressement économique, baptisé Tunisia 2020.
La conférence internationale qui sera organisée les 29 et 30 novembre prochains à Tunis s’inscrit dans cette perspective. Elle en est même la pierre angulaire. Sont attendus à cette manifestation, chefs d’États, hauts responsables et patrons de grands groupes mondiaux.
“Le but de la conférence est d’inviter le maximum d’investisseurs pour apprécier les changements qui ont eu lieu en Tunisie : un nouveau gouvernement d’union nationale, un nouveau code d’investissement, une nouvelle loi d’urgence économique qui est en cours de ratification au Parlement, les décrets sur le PPP, … Nous voulons leur montrer que nous avons actuellement un environnement économico-politique plus stable et plus attractif”, précise Eymen Errais, conseiller auprès du ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale.
La conférence en elle-même n’est pas une finalité, bien au contraire. Son rôle est de montrer aux investisseurs que le pays est en train de changer et que les réformes vont bon train. Et ce n’est que le début vu que son rôle principal est d’amorcer le dialogue et la prise de contacts entre les différents acteurs économiques; privés et publics, tunisiens et étrangers.
“Nous avons une période de suivi de 3 mois après la clôture de la conférence afin d’assurer les follow-ups et la concrétisation des projets et des engagements qui ont été pris pendant la conférence”, nous a déclaré Mohamed Toumi, de la banque Arjil & Partners.
La réussite d’un événement d’une telle envergure exige, naturellement, l’implication et l’engagement de tous. Elle nécessite aussi une coopération et une coordination sans faille d’homme et de femmes volontaristes, soucieux de redorer l’image de leur pays. Sans compter la participation d’un consortium composé de la banque d’affaires Arjil & Partners en chef de file, du cabinet d’études Comete Engineering, chargé de préparer des fiches sectorielles listant les points où la Tunisie est compétitive, ainsi que Jeune Afrique Events, le bras médiatique et Public Relations du trio qui s’est attelé à la tâche.
“Toute personne qui veut changer et veut aider la Tunisie, ramener des gens et faire bouger les choses, est la bienvenue”
Le consortium coordonne avec deux commissaires généraux. Ces derniers ont la principale mission de superviser et de s’assurer du bon fonctionnement des différentes étapes préparatoires à la conférence : Mourad Fradi et Hazem Ben-Gacem. Ces acteurs jouent également le rôle de lobbyistes : munis de leurs carnets d’adresses, ils essaient de trouver des personnes et des institutions qui s’intéressent et cherchent à investir en Tunisie.
Mourad Fradi et Hazem Ben-Gacem sont également épaulés par un groupe d’émissaires économiques régionaux et sectoriels, tels que Islem Ben Mbarek sur l’aérospatial, Sami Ben Romdhane sur les TIC et Smart Tunisia, ou encore Meriem Smida à Hong-Kong et Slim Fériani en Grande-Bretagne.
Qui peut être qualifié pour le rôle d’un émissaire ? “Toute personne qui veut changer et veut aider la Tunisie, ramener des gens et faire bouger les choses, est la bienvenue”, nous répond Eymen Errais.
Point d’orgue, le volet économique est chapeauté par Fadhel Abdelkefi, ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale. Khmaïs Jehinaoui, à la tête du ministère des Affaires étrangères, se charge du dossier diplomatique.
Au sommet de cette pyramide, la Présidence du gouvernement s’est donné pour mission d’assurer le suivi des dossiers, ce qui signifie en clair qu’elle s’attribue, ce qui est dans l’ordre des choses, le rôle de modérateur et régulateur, avec possibilité d’arbitrage entre toutes les parties prenantes.
“Nous faisons le suivi des dossiers et cadrons le travail du consortium. C’est un rôle de modérateur et de régulateur avec possibilité d’arbitrage avec tous les ministres”, clarifie Lotfi Ben Sassi, conseiller de Youssef Chahed. Et pour ne rien laisser au hasard les intervenants dans leur ensemble se réunissent au sein d’un Comité de Pilotage afin de bien coordonner leurs efforts.