La semaine dernière, le Conseil du marché financier (CMF) a rappelé aux sociétés cotées quelques bonnes pratiques en matière de communication financière. En tant que protecteur de l’épargne investie en valeurs mobilières, il a appelé ces entités à «accorder une attention particulière à la communication d’information spécifique et détaillée sur les répercussions économiques éventuelles du contexte mondial actuel et des incertitudes susceptibles d’affecter l’activité des émetteurs, leur situation financière, ainsi que leurs prévisions futures».
Les organes de direction, d’administration et de contrôle des sociétés sont donc invités à se montrer plus que jamais vigilants, en analysant l’impact des risques et des incertitudes susceptibles d’affecter leurs activités. Les émetteurs ont l’obligation d’informer les investisseurs de l’impact des conditions économiques actuelles sur leurs situations financières, leurs performances, les flux financiers ainsi que sur leurs perspectives d’avenir. Ces données sont à intégrer dans les états financiers annuels ainsi que les rapports d’activité.
L’objectif final est de garantir le bon fonctionnement du marché qui nécessite la confiance des investisseurs.
Le CMF a toutes les raisons d’insister sur cet aspect. Dans une économie nationale qui piétine, le marché actions a une performance qui avoisine les 15% depuis le début de l’année. Certes, c’est porté par les financières, mais il faut faire très attention. Les informations qui ont filtré sur la loi de finances 2023 évoquent la possibilité d’instaurer un impôt sur la fortune qui toucherait les valeurs immobilières. Et comme l’historique de la Bourse de Tunis a toujours montré qu’elle réagit négativement à ce type de nouvelles, la transparence est le meilleur moyen pour éviter les dégringolades et les ventes massives.
C’est important dans un marché où les particuliers libres pèsent aux alentours de 60% en termes de volumes d’échange. Cette catégorie d’investisseurs n’applique pas les règles prudentielles au même titre que les institutionnels, et ne fait pas de valorisation. Lors des crises, leur seul principe c’est sauve qui peut. Publier des analyses sur l’impact de la crise sur l’activité permettra de faire des projections proches de la réalité, et donc valoriser correctement les titres.
Il n’y a pas mieux que la clarté pour obtenir le bon fonctionnement du marché. Des cadavres dans le placard, c’est la dernière chose que le régulateur espère, surtout avec les soucis qui ont entouré certaines sociétés récemment. Un marché financier en bonne santé est un garant pour la relance économique, et la contribution des intermédiaires en Bourse aux souscriptions à l’Emprunt national en est la meilleure preuve.