Les promoteurs immobiliers ne cessent de se plaindre de la faible demande sur les logements, pointant de doigt la hausse des taux d’intérêt qui rendent les mensualités d’un crédit largement au-dessus de la capacité de remboursement des ménages.
En partie, c’est vrai. Juste avant la révolution, le taux effectif moyen pour les crédits Habitat était de 7,70%. Aujourd’hui, il est de 9,30%. Il suffit d’appliquer la différence de taux à celle des prix, qui ont flambé sur la période, pour constater qu’il faut être un haut cadre pour être capable de payer la mensualité d’un petit appartement.
Mais réellement, est-ce vraiment le cas ? Dans les grandes villes, les nouveaux immeubles poussent partout. S’il n’y avait pas une demande, les banques auraient-elles accepté de financer ces constructions ?
Pour avoir une réponse, il convient d’analyser d’autres chiffres, à l’instar de l’épargne destinée au paiement des 20% d’autofinancement lors d’une acquisition. Les dernières statistiques disponibles montrent que l’épargne logement s’est établie à 1 545 MTND fin mai 2022. Par rapport à la fin de l’année, c’est une progression de seulement 6,605 MTND seulement. L’évolution sur les années 2020 et 2021 était, respectivement, de 60,187 MTND et 161,589 MTND.
S’agit-il d’un manque d’épargne ou plutôt d’une forte demande sur les crédits, et donc l’épargne a été transformée en autofinancements ?
Les crédits logements ont totalisé, fin mai 2022, 12 238 MTND, soit 133,699 MTND de crédits supplémentaires (en net) depuis le début de l’année. En rythme mensuel, les banques ont accordé des crédits Habitat de 26,740 MTND en 2022 contre 26,530 MTND en 2021 et 42,282 MTND en 2020.
Clairement, il n’y a pas eu de baisse de rythme en 2022 par rapport à 2021, mais nous restons loin de 2020, année durant laquelle la succession des périodes de confinement a renforcé la capacité des ménages à épargner et à s’offrir des logements. C’est même mieux que 2019, exercice durant lequel la moyenne mensuelle des crédits logements était de 17,380 MTND.
Toutefois, l’épargne utilisée dans des projets d’acquisition n’a pas été suffisamment remplacée par une nouvelle car l’inflation est en train de ronger le pouvoir d’achat des ménages, et donc leurs capacités de mettre de l’argent de côté.
La demande sur l’immobilier ne pourra donc s’améliorer durant les mois à venir. Au mieux, elle restera stable surtout qu’il n’y a aucune chance de voir les prix baisser avec la hausse du coût de construction et des matières premières.