Les 23 et 24 juin, la Tunisie abrite une nouvelle édition du Tunisia Investment Forum. À cette occasion, Férid Belhadj, VP de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient à la Banque mondiale, est en visite à Tunis où il a participé ce matin à une conférence organisée par l’Association tunisienne des administrateurs.
Dans son intervention, qui a duré un peu moins de 15 minutes, le représentant de la BM a présenté “les messages que mes collègues et moi allons essayer de transmettre durant les deux prochains jours”. Ajoutant qu’il s’agit “des mêmes messages que nous faisons passer depuis quelques années déjà et que nous continuerons de le faire en espérant qu’ils seront écoutés”.
Pour commencer, Belhadj a indiqué que la présence de l’État dans certains secteurs de l’économie n’est pas la bienvenue et que le secteur privé doit avoir “plus d’importance, d’impact et de poids dans l’économie du pays”. Cela est d’une importance majeure, vu que le secteur public ne sera pas en mesure d’absorber les plus de 300 millions de demandeurs d’emploi à travers la région Mena qui vont débarquer sur le marché du travail en 2050.
“Le plus important, pour la Banque mondiale aujourd’hui, est de donner plus d’espace au secteur privé de manière qu’il puisse absorber de façon positive et vertueuse” les futurs chercheurs d’emploi. “Le secteur privé est la clé de la croissance et du développement de cette région”, a-t-il ajouté.
Toutefois, le responsable à l’institution internationale de développement a reproché le manque de transparence et de responsabilité des entreprises dans la région. “Ce que nous voyons à travers le Moyen-Orient est que la transparence et la responsabilité des entreprises et de ceux qui tiennent aujourd’hui le secteur privé ne sont pas toujours avérées”, a-t-il indiqué.
Sur ce plan, Belhadj a souligné que la Banque mondiale pousse à la mise en place d’autorités de régulation pour les grands secteurs de l’économie ainsi que la lutte contre les pratiques anticoncurrentielles. Celles-ci doivent avoir “véritablement un pouvoir et une capacité de sanction”, a expliqué le responsable. Il a par ailleurs donné l’exemple de la décision “courageuse” de l’autorité de concurrence au Maroc de sanctionner Maroc Télécom, “l’un des poids lourds de l’économie” du royaume. “C’est un exemple de mesures qui peuvent donner plus de confiance au secteur privé et aux investisseurs”, a affirmé Belhadj.
Quant à la compétitivité de l’économie tunisienne et sa capacité à attirer les investisseurs, le VP à la Banque mondiale a noté que la Tunisie est face à un premier test avec la tenue prochaine du forum de l’investissement. “La qualité des participants va dénoter l’attractivité, non seulement du pays, mais de toute la région, aux investissements”, a-t-il affirmé.
Sur ce plan, le speaker a noté que la Tunisie doit faire face à une importante concurrence à travers le monde, mais aussi dans la région. “Les deux pays qui réussissent à attirer le plus d’investissements dans la région sont le Maroc et l’Égypte”, a fait savoir Belhadj, avant d’ajouter: “Pour le reste [des pays] de la région, il n’y a pas véritablement de noms, ou d’énergie que je vois sortir vers l’international”. “Et même lorsqu’on parle de l’Égypte et du Maroc, qui sont en train de faire des choses positives, [ces deux pays] sont encore loin de leur potentiel”, a-t-il poursuivi.
Belhadj a rappelé les discussions qui ont eu lieu juste après le début de la propagation du coronavirus et la volonté des pays de l’Europe de déplacer leurs investissements vers des pays du voisinage européen, notamment dans la rive sud de la Méditerranée. “Seuls deux pays sont en train de véritablement travailler sur ces points”, a indiqué le speaker. “Il s’agit du Maroc et de l’Égypte”. Et d’ajouter: “Quand on voit ce qui se passe en Tunisie, je pense que nous faisons du surplace”.
Pour clôturer son intervention, Belhadj a souligné que la Tunisie se trouve aujourd’hui dans une situation qui “risque de mener le pays à une implosion sociale”. Il a également appelé à tirer pleinement profit de la volonté de la communauté internationale de soutenir la Tunisie.