La 9e édition des Doctoriales de l’IHEC Carthage continue. Dans le cadre des trois conférences de la session d’ouverture, deux autres conférences font suite à la première. Mohamed Aziz Darghouth, ancien directeur de l’Observatoire national des sciences et de la technologie, traite de la recherche universitaire pour une économie du savoir en Tunisie. Abdelmajid Ibnrissoul, enseignant à l’Ecole nationale de commerce et de gestion Casablanca (ENCG Casablanca) et directeur du laboratoire ISO, traite de la recherche intervention et du retour sur l’expérience marocaine.
Mohamed Aziz Darghouth : la Tunisie dans le top 5 mondial du nombre d’ingénieurs
Le SNRI tunisien, ou Système national de recherche et d’innovation, est analysé par Mohamed Aziz Darghouth. “Entre 2018 et 2021, nous avons publié 35k publications pour 30k auteurs. Notre impact de citations était de 0,96 pour une moyenne mondiale de 1. La Tunisie est 71e dans le Global Innovation Index. En se comparant à des pays similaires, comme le Portugal et la Hongrie, leur impact de citations est plus élevé, avec 1,3 environ pour les deux pays”.
La Tunisie travaille beaucoup sur la quantité de publications scientifiques reconnues et validées scientifiquement à l’international. Comme le dit Darghouth, la Tunisie est 18e mondiale à ce niveau, son nombre d’ingénieurs se situe dans le top 5 mondial. 8,7% des publications tunisiennes sont dans le top 10% des plus citées à l’international.
Par contre, il y a des améliorations pour la collaboration université-entreprise. Seulement 0,9% des publications sont faites en collaboration avec une entreprise. Ces publications ont un impact et une visibilité académiques presque 10x supérieurs, donc il est très important de collaborer.
Même si l’investissement en R&D paraît coûteux et long, les bénéfices se font ressentir sur le long terme. Par exemple, la Corée du Sud était 8e mondiale en R&D en 1998, mais ses brevets et innovations étaient encore à leurs débuts. La situation actuelle de la Corée du Sud montre visiblement l’aboutissement de ces 25 ans d’investissement dans la recherche.
Abdelmajid Ibnrissoul : “Un travail de recherche n’est rien sans la contextualisation locale”
Alors que la Tunisie est orientée vers la recherche à l’international, le Maroc travaille sur les contextes et problématiques marocains. D’après Ibnrissoul: “La recherche produite émane d’une demande sociale. Elle émane de l’entreprise, de l’administration, de la région, de la collectivité locale. Certains établissements universitaires marocains relèvent d’autres ministères que l’enseignement supérieur. L’Iscae (Institut supérieur de commerce et d’administration des entreprises) relève au Maroc du ministère du Commerce et de l’Industrie”.
L’alliance de la recherche locale, des entreprises et des chercheurs marocains donne une orientation claire aux travaux de thèse: “Tous les travaux de recherche encadrés dès le début étaient destinés à l’entreprise et appliqués aux problèmes marocains. La recherche intervention signifie toute production validée scientifiquement. Elle est produite par un ou des chercheurs avec des organisations socioéconomiques. Il faut cesser de plaquer des méthodes de recherche étrangères à des situations locales et s’approprier ces méthodes pour en faire naître des solutions adaptées”, déclare Ibnrissoul.