Le Conseil international des femmes entrepreneures s’investit dans la dynamisation de l’économie tunisienne. Il a organisé le mardi 7 juin une journée dédiée à l’entrepreneuriat, placée sous le thème de “L’entrepreneuriat féminin: levier de la relance économique”. Cet événement a été organisé sous le patronage de Samir Saïed, ministre de l’Economie et de la Planification. Cette conférence sera focalisée sur la création de richesse, l’innovation et l’apport de valeur ajoutée apportés par l’entrepreneuriat féminin en Tunisie. Des partenaires nationaux et internationaux sont intervenus sur ce sujet crucial.
La réalité du terrain en Tunisie
Les chiffres de l’ITCEQ parus en mars 2021 sont alarmants concernant les femmes sur le marché du travail. Seulement 2,8% de femmes sont chefs d’entreprise. De plus, le taux de participation des femmes au marché du travail ne dépasse pas 28%. D’autre part, leur taux de chômage a atteint 25% en 2020. Le Conseil international des femmes entrepreneures oeuvre à améliorer cette situation.
Rachida Jebnoun, présidente du Conseil international des femmes entrepreneures (CIFE), insiste sur la nécessité de reprendre le cours de la vie après les différentes crises: “Comment va-t-on contribuer même de la façon la plus minime qui soit à la reprise de notre vie d’autrefois? Nous réfléchirons tous ensemble dans le cadre du CIFE. Nous sommes toutes des ambassadrices de l’entrepreneuriat féminin. La journée d’aujourd’hui est une journée de solutions et de résolutions. Nous devons être solidaires, complémentaires, aller de l’avant. Concernant les suggestions, chaque personne ayant une idée a pu la proposer au thinking export du Cepex. Le premier événement de networking, ayant eu lieu en 2017, est le précurseur de l’événement d’aujourd’hui, dans sa deuxième édition. Nous sommes dans une crise internationale. Les réticences ont augmenté avec la crise Covid et la guerre russo-ukrainienne. Nous avons essayé d’être fonctionnelles. Notre programme intitulé Tunisia Days ouvre les portes de l’international. Le CIFE est le seul organisme en Tunisie à avoir des cellules à l’international (35 cellules CIFE à travers le monde) et notamment en Afrique subsaharienne”. Plus d’informations sur la page du CIFE.
L’ouverture du CIFE à l’international
Quatre ambassadeurs étaient présents ce jour-là: Lorenzo Fanara, ambassadeur d’Italie, Anna Block Mazoyer, ambassadrice de Suède, José Maria Arbilla, ambassadeur d’Argentine, et Ramatoulaye Ba Faye, ambassadrice du Sénégal. L’Italie et l’Argentine sont deux des 35 pays accueillant une cellule CIFE à l’étranger. Lorenzo Fanara parle des programmes italiens de soutien aux femmes entrepreneurs: “Il y a une ligne de crédit en faveur des PME tunisiennes dont plusieurs femmes ont bénéficié. Une autre ligne de crédit consacrée à l’agriculture et à la pêche a aidé les femmes de ce secteur. Lors de ma visite à Tataouine, j’ai vu sur le terrain les réalisations de ces lignes de crédit. N’oublions pas le soutien de l’Italie à l’entrepreneuriat féminin à travers le soutien à l’Education tunisienne. Bâtir des écoles, assurer le transport, l’alimentation et l’eau potable font en sorte que les femmes accèdent à une meilleure éducation et à de meilleures opportunités dans l’avenir”.
Des partenariats nombreux : la QNB…
D’autres partenaires, tels que la Qatar National Bank et la Caisse des dépôts et consignations, ont répondu présent ce jour-là.
Lotfi Debbabi, président-directeur général de la QNB Tunisie, explique la tendance de plus en plus forte des femmes à créer leurs propres projets: “L’expérience montre que la femme fait tout son possible pour maîtriser son sujet. La femme s’engage à remplir ses fonctions dans tous ses rôles (économique, social, financier). Elle respecte également mieux ses délais de remboursement de crédit. La femme est une actrice importante dans la création de projets. Cela a commencé avec la micro-finance. Après plus d’expérience, les femmes occupent des rôles de gouvernance plus élevés, grâce à leur instruction et leur travail. Les femmes entrepreneures sont très compétentes et très efficaces. Nous avons un rôle dans la RSE pour donner les mêmes opportunités à tous et à toutes. Nous voulons soutenir les femmes et les encourager dans leurs projets”
… et la CDC
Nejia Gharbi, directrice générale de la CDC, définit le rôle de la CDC envers la facilitation des financements pour les femmes entrepreneures : “Il y a encore quelques difficultés pour la femme entrepreneure à avoir accès aux financements aujourd’hui. La CDC investit dans la RSE pour s’orienter vers la décentralisation et l’entrepreneuriat féminin. Nous avons notamment un programme avec l’Agence Française de Développement où nous avons favorisé les femmes co-fondatrices ou fondatrices de projets. Des subventions ont été accordées. Nous sommes un intermédiaire pour favoriser l’accès au financement, et non un acteur direct”.
Exemple de femme entrepreneure
Molka Sraieb, femme à la tête de plusieurs entreprises (entre autres la maison d’hôte Dar El Molk ou les laboratoires Tayzo), évoque les programmes d’Enda Tamweel et la CDC. Les ONG contribuent également au financement. Les ambassades aident aux échanges entre les pays. “Tout est là, il reste à mettre en place une synergie globale entre tous les acteurs.”