L’IACE présente pour la 16ème année consécutive les résultats du rapport sur la Compétitivité globale du Forum économique mondial (World Economic Forum), plus connu sous le nom de Forum de Davos. L’indice de compétitivité mondiale, qui couvre 140 économies, mesure la compétitivité nationale, définie comme l’ensemble des institutions, des politiques et des facteurs qui déterminent le niveau de productivité, à travers 98 indicateurs organisés en 12 piliers. Le score moyen pour le monde entier est de 60 points.
Marchant à reculons tout le long des derniers classements, en perdant 63 places en 7 ans, la Tunisie semble cette année mettre un frein à cette dégringolade en enregistrant une progression d’un point dans son score passant de 54,6 en 2017 à 55,6 en 2018 pour occuper désormais la 87ème position, gagnant 8 places par rapport à 2017. Elle est ainsi à la troisième place à l’échelle africaine, après l’Afrique du Sud et le Maroc.
Les piliers valant à la Tunisie l’amélioration de son score sont: le pilier cinq « Santé » avec le 58ème rang, le pilier dix « Taille des marchés” avec le 70ème rang, le pilier six « Education et compétences » avec le 71ème rang et le pilier 11 « Dynamique des affaires » avec le 73ème rang.
Sur les 98 indicateurs, la Tunisie a enregistré une amélioration pour 39 indicateurs et la dégradation pour 57 autres, 20 indicateurs ont stagné. La Tunisie est néanmoins un très mauvais élève en matière de “marché du travail” et de “stabilité macroéconomique”, elle est classé 129ème à l’échelle mondiale pour ce qui est du marché du travail. Les indicateurs qui justifient le plus ce score sont les pratiques de recrutement et de licenciement (129ème) et la facilité de recruter des travailleurs étrangers (137ème). La Tunisie est 118ème mondiale pour ce qui est de la “stabilité macroéconomique”. Beaucoup d’efforts restent à faire au niveau du taux d’inflation (89ème) et de la dynamique de la dette (133ème).
Le top 5 est sans grande surprise: les Etats-Unis, Singapour, l’Allemagne, la Suisse, et le Japon. Les pays ayant marqué le plus de points en gagnant plus de 5 places dans le classement sont l’Inde (+5), la Serbie (+5), l’Ukraine (+6), les Seychelles (+10), les Philippines (+12) et Oman (+14). Le Congo, le Mozambique, Panama et le Venezuela dégringolent respectivement de 8, 8, 9 et 10 rangs.
Le constat du WEF
Suite à la publication du rapport de 2018, le World Economic Forum constate globalement des points faibles en matière de maîtrise des processus d’innovation, de la création d’idées à la commercialisation d’un produit. La main-d’œuvre canadienne est la plus diversifiée et la culture d’entreprise du Danemark est la moins hiérarchique, deux facteurs essentiels pour stimuler l’innovation. Seules les économies capables de reconnaître l’importance de la 4ème révolution industrielle seront en mesure d’offrir plus d’opportunités à leur population. L’indice de cette année a mis en lumière un facteur inquiétant, à savoir que pour 117 des 140 économies étudiées, la qualité des institutions reste un frein à la compétitivité globale.
Notons que le score est calculé à la base de 12 piliers qui sont à leur tour déclinés en un ensemble de variables qualitatives et quantitatives. La nouveauté cette année réside dans la méthodologie de calcul de l’indice de compétitivité globale. Des changements au niveau de la méthode de calcul et des pondérations associées aux variables qualitatives et celles quantitatives ont été apportés. Les données qualitatives se voient désormais attribuer un poids de 30% contre 70% pour les autres catégories de variables alors que précédemment, c’était l’inverse. Les variables quantitatives, issues d’organismes comme le FMI ou la Banque mondiale avaient une pondération ne dépassant pas les 43%.
Dans une autre mesure, il y a eu l’émergence de nouveaux piliers et la disparition d’autres, pour garder un total de 12 piliers mais leur composition est différente de celle des années précédentes. Il y a eu apparition des piliers « Adoption des TIC », « Education et compétences », et « Système financier ». De même, les piliers sont désormais regroupés en quatre catégories au lieu des trois pour donner les piliers associés à un « Environnement favorable », au nombre de quatre, ceux du « Capital humain », au nombre de deux, ensuite « Les marchés », regroupant quatre piliers et enfin, « Innovation » qui comprend deux piliers.