Malgré une majorité masculine dans les études et carrières scientifiques, les femmes dans ce domaine ne sont pas pour autant inexistantes ou invisibles. Bien au contraire. C’est pour cela que l’Ecole nationale d’ingénieurs de Tunis a décidé de leur consacrer un événement.
Le département Génie industriel de l’ENIT a organisé mercredi une table ronde intitulée “Femmes dans les études et carrières scientifiques”.
Les personnes qui y étaient présentes sont:
Akissa Bahri: professeur, ingénieur agronome;
Zohra Benlakhdar: faculté des Sciences de Tunis et École Esprit de Tunis;
Henda El Fekih: Ecole nationale d’ingénieurs de Tunis;
Yousser Hamza: consultante/expert du secteur agrobusiness;
Inès Safi: CNRS, Université Paris-Saclay;
Discutant: Elyès Jouini, Université Paris-Dauphine.
Elyès Jouini affirme que ce sont les stéréotypes qui empêchent les femmes de se lancer dans les carrières scientifiques. Dans la vidéo suivante, il explique qu’une expérience menée dans le sud de la France montre les idées reçues au sujet des mathématiques en fonction du genre. Un dessin complexe est présenté à deux groupes d’écoliers et d’écolières. Dans le premier groupe, le dessin est décrit comme un exercice de géométrie, plutôt masculine, et dans le second, un exercice de dessin, plutôt féminin. Résultat: le même dessin est mieux réussi par les garçons quand il est décrit comme de la géométrie, et mieux réussi par les filles en tant que dessin, alors que l’illustration est la même. D’après FranceTV Info au sujet de cette expérience: “La seule évocation de la géométrie (référence directe aux mathématiques) constitue un obstacle pour les filles”.
Pour Henda El Fekih, les femmes peuvent réussir, même si c’est plus difficile pour elles parce qu’elles ont moins de temps à consacrer à leur travail: “Les femmes, contrairement aux hommes, ont souvent des obligations qui font qu’elles ne peuvent pas consacrer plus de 60% de leur temps au travail.” Lors d’une enquête sur la place des femmes dans l’enseignement supérieur, Henda El Fekih a contacté des femmes pour en savoir plus sur leur statut et leurs recherches. Les résultats sont bluffants: si l’on prend la proportion de genre des directeurs des écoles doctorales, qui sont au nombre de 37 dans toute la Tunisie, alors que la moyenne générale est de 19% de femmes dans ce poste, il y a 100% de directrices pour l’université Ezzitouna contre 20% pour l’université de Tunis.
Autre résultat de l’enquête, à l’échelle régionale cette fois-ci: la Tunisie a la part la plus importante de femmes chercheurs dans le monde arabe. D’après le Unesco Science Report de 2021, la part de chercheurs féminines en Tunisie est de 56,1%, en première position dans le monde arabe par rapport au Koweït (53.2%), l’Algérie (47.1%) ou encore l’Egypte (45.6%).
Akissa Bahri, ancienne secrétaire d’État auprès du ministre de l’Agriculture chargée des Ressources hydrauliques puis ministre de l’Agriculture jusqu’à avril 2022, a déclaré : “Des réformes importantes sont nécessaires : faire respecter l’égalité de rémunération entre les hommes et les femmes et fournir aux femmes travaillant en milieu rural l’accès à une couverture sociale, une plus grande participation des femmes dans la vie économique devrait être accompagnée par une meilleure prise en compte de la dimension familiale dans la politique de l’emploi et valoriser l’image de la femme dans la communauté et dans la nation et faire évoluer durablement les mentalités”