Offrir l’accès à tout type d’opération financière en se passant des banques et des acteurs classiques de la finance, c’est bien le rôle de la DeFI, l’abréviation de « Decentralized Finance ». En théorie, cette finance décentralisée désigne un moyen d’échanger, d’acheter et de vendre sans intermédiaires, marquant le début d’une innovation de rupture avec l’industrie financière classique pour la rendre accessible à des millions d’utilisateurs, voire des milliards d’internautes !
Comment ça se passe ?
Cette finance décentralisée est une forme de finance basée sur la technologie de la blockchain qui ne s’appuie pas sur des intermédiaires financiers centraux tels que des courtiers ou des banques pour offrir des instruments financiers traditionnels. En effet, elle s’appuie sur des applications décentralisées qui exécutent des fonctions financières sur des grands livres distribués. Il est pertinent de rappeler que la technologie blockchain a d’abord été rendue populaire par le Bitcoin puis par les autres crypto-monnaies comme l’Ethereum. Elle offre un réseau décentralisé dans lequel les transactions sont vérifiées à intervalles réguliers par les utilisateurs eux-mêmes. Ainsi, les transactions ne sont pas exécutées par le biais d’un intermédiaire centralisé tel qu’une Bourse de valeurs mobilières traditionnelle ou une banque, mais elles sont plutôt effectuées directement entre les participants, par l’intermédiaire de programmes qui fonctionnent grâce à des logiciels libres construits et maintenus par une communauté de développeurs. L’exécution se base sur des programmes appelés « smart contracts » permettant d’assurer des opérations complexes comme l’emprunt, le prêt ou l’échange d’actifs. D’une manière générale, l’écosystème DeFi s’articule autour de deux éléments. Premièrement, de nouveaux protocoles pour le commerce, le prêt et l’investissement, et deuxièmement les pièces stables (stablecoins). Ces derniers sont des crypto-actifs facilitant les transferts de fonds et visent à maintenir une valeur nominale fixe vis-à-vis des monnaies fiduciaires, principalement le dollar américain.
En pratique ?
MakerDAO est un exemple de plateforme de prêt considérée comme la première application DeFi à être utilisée de manière significative. Elle permet aux utilisateurs d’emprunter le jeton natif (DAI) de la plateforme. En se basant sur un ensemble de contrats intelligents liés à la blockchain qui régissent les processus de prêt, de remboursement et de liquidation, MakerDAO garantit de maintenir une valeur stable du DAI indexé sur le dollar américain, offrant ainsi un important avantage de son ancrage au prix du dollar américain, surtout que le marché de la crypto-monnaie est connu pour sa volatilité, connaissant parfois des variations de prix, à la fois à la hausse et à la baisse, de 25 % ou plus en une seule journée ! DAI n’est pas géré par une entreprise, mais plutôt par un système autonome décentralisé via un protocole logiciel. En conséquence, toutes les transactions et informations y relatives sont gérées et enregistrées publiquement par des contrats intelligents, ce qui rend l’ensemble du système très transparent. Incontestablement, la confiance dans ce système vient du fait que les transactions sont à tout moment lisibles et vérifiables par n’importe qui sur Internet. Le réseau décentralisé Ethereum fondé en 2015 a, de son côté, été conçu pour assurer l’exécution de ces contrats intelligents (smart contracts) dans le cadre d’opérations financières telles que les prêts ou même l’échange des titres de propriété pour des objets uniques comme les créations numériques ou les oeuvres d’art sous forme de NFT (Non-fungible tokens). Ces derniers permettent de certifier l’authenticité de ces objets d’art. Toutefois, le grand problème rencontré est que ce réseau a une faible capacité. Celle-ci est limitée à 7-15 transactions par seconde alors qu’un système bancaire traditionnel comme celui de Visa peut assurer jusqu’à 4.000 transactions par seconde, d’où l’énorme différence. De plus, il faut noter que pour exécuter les opérations entre les utilisateurs du réseau, ces derniers doivent payer des frais de transactions (Gas) qui peuvent atteindre la somme de 400 dinars ou même plus pour une petite transaction ayant une valeur de 10 dinars ! Ce qui n’est pas en accord avec la logique de la DeFi, censée assurer l’inclusivité et l’accessibilité à tout le monde et à des frais abordables. Et c’est dans le but de pallier cette limite du réseau décentralisé, et pour trouver d’autres solutions alternatives offrant une vraie DeFi pour chaque internaute, qu’on a assisté à une montée en puissance des startups opérant dans ce domaine durant l’année dernière. De grosses levées de fonds, dans une vague de résurgence de DeFi, ont eu lieu lors du dernier trimestre de 2021 avec une nouvelle génération de produits DeFi surnommée « DeFi 2.0 » visant à améliorer la conception des protocoles DeFi originaux et à pallier les limites existantes. De nombreux réseaux sont devenus célèbres l’année dernière, dont principalement Solana (SOL). Celui-ci a fait son apparition sur le marché en 2020, ayant son token natif (SOL) créé par la société Solana Labs, composée d’ingénieurs américains (issus de Google, Apple, Microsoft, Intel), et géré par Anatoly Yakovenko, un ancien ingénieur de Qualcomm et de Dropbox. Il se pose en concurrent direct d’Ethereum. Le projet Solana se présente comme une solution de démocratisation des systèmes financiers, en se focalisant sur la vitesse et l’évolutivité des services pour faciliter les transactions et leur généralisation auprès du grand public en offrant la possibilité d’exécuter des milliers de transactions par seconde et de dépasser MasterCard et Visa ! Solana a très vite rejoint le top 10 des crypto-monnaies en 2021 avec une capitalisation dépassant actuellement les deux milliards de dollars (2 137 398 000 $) ! En 2021, la capitalisation boursière de la finance décentralisée a été multipliée par 7,5, passant de 20 à 150 milliards de dollars. De plus, l’augmentation des incitations pour de nouveaux réseaux alternatifs, tels que Tezos, Avalanche et Aurora, a stimulé la demande de la DeFi sur ces réseaux décentralisés et a fait que la part du marché DeFi et de la crypto-monnaie a plus que doublé, passant de 2,8 % à un record historique de 6,5 %. La finance décentralisée est en train de révolutionner l’économie en permettant l’inclusion financière de plus de 2 milliards de personnes dans le monde qui ne détiennent pas de compte bancaire. Elle leur offre également la possibilité d’investir ou de prêter de l’argent sans un intermédiaire financier ni un fonds d’investissement, ou même d’avoir un prêt immobilier pour une nouvelle maison sans passer par une banque. Vous allez peut-être vous dire : trop beau pour être vrai. Je vous rappelle juste que récemment, en 2021, le NFT intitulé The First 5000 Days, une image numérique et purement virtuelle, a été vendue à 69 millions de dollars américains ! Donc, rien n’empêche que votre future maison sera sous forme de NFT obtenu suite à un prêt de quelques centaines de milliers de dinars via la DeFi !