Au-delà des problèmes structurels de l’agriculture (problèmes fonciers, financements, choix stratégiques, …) qui nécessitent des réformes approfondies, un nombre important de difficultés rencontrées essentiellement par les petits agriculteurs peuvent être surmontées grâce à l’utilisation de la technologie.
L’optimisation de l’utilisation des ressources en eau, la réduction des coûts de production, ou encore l’amélioration de la commercialisation des récoltes passeraient par un recours à des technologies agricoles simples et pas chères.
Grâce aux avancements technologiques, il existe aujourd’hui une large panoplie de technologies agricoles facilement accessibles. À travers des services aussi simples qu’un SMS ou un message USSD indiquant les conditions météorologiques du jour avec des recommandations et des conseils à suivre, à des outils digitaux plus avancés tels que les applications mobiles qui, par exemple, aident l’agriculteur à diagnostiquer certains problèmes liés á l’exploitation ou à déterminer la quantité d’eau et des intrants à fournir aux plantes. Des technologies plus imposantes telles que les stations météo, les robots, les drones (capteurs à distance), les capteurs installés dans les champs, etc. pour une gestion intelligente et optimisée de l’exploitation.
Pour la phase distribution, des technologies faciles à implémenter permettent l’identification et la traçabilité des produits agricoles tout au long de la chaîne.
Sans oublier les marketplaces et les plateformes de mise en relation entre agriculteurs et consommateurs finaux et leur importance pour une meilleure commercialisation des récoltes (réduction de la spéculation et de l’intermédiation). Enfin, les applications dédiées aux services financiers et le paiement mobile et leur rôle dans l’inclusion financière des petits exploitants.
Les études scientifiques montrent l’importance des technologies agricoles dans l’amélioration de la rentabilité et la réduction des coûts de production. Par exemple, selon des études de cas réalisées dans des pays africains, une gestion intelligente de l’utilisation des intrants permettrait une réduction importante des coûts financiers. Également, l’utilisation des technologies d’irrigation permettrait de réaliser entre 60 et 90 % d’économie d’eau. Cette donnée est d’une importance capitale quand on sait que les 450.000 hectares de surfaces irriguées en Tunisie (soit 10% de l’ensemble des terres cultivées) consomment plus de 80% de nos ressources en eau pour produire seulement 40% de notre alimentation locale (source: ministère de l’Agriculture).
Rendre la technologie accessible aux petits agriculteurs
La contrainte majeure d’accès aux technologies pour les petits agriculteurs est l’argent. Les petits exploitants peinent à payer leurs factures compte tenu de l’augmentation successive des prix des intrants et des matières premières. Ils n’ont certainement pas les moyens pour s’offrir des technologies et des services digitaux. C’est là où l’Etat doit jouer un rôle pour “une émancipation technologique” des petits agriculteurs.
Pour une large diffusion des technologies dans nos pratiques agricoles, il faudrait mettre à la disposition des petits agriculteurs des services digitaux gratuits. Chaque agriculteur devrait bénéficier d’un “bouquet digital” qui contiendrait un ensemble de services technologiques nécessaires à la bonne gestion d’une exploitation agricole avec également des ateliers de formation et d’assistance pour s’assurer de son bon usage.
Ceci pourrait se concrétiser grâce:
– A des Partenariats Public-Privé (PPP) avec l’aide et le concours de l’ensemble des acteurs intervenants (startups, technopoles agricoles, organismes d’accompagnement, bailleurs de fonds, société civile, …).
– La création d’une technopole agricole dans chaque région aiderait à établir la diffusion des technologies agricoles en assurant des services de proximité.
– L’amélioration des réseaux internet dans les zones rurales et éventuellement la gratuité d’accès à internet pourraient faciliter l’inclusion technologique des exploitants agricoles.
Compte tenu des défis environnementaux, économiques et géopolitiques, il est urgent d’assurer la transition technologique de notre agriculture pour le développement d’un système agricole et alimentaire durable et harmonieux.