Les marchés mondiaux des matières premières ont atteint des sommets pluriannuels mercredi après que les traders se sont retirés de la Russie, suscitant l’inquiétude que l’offre ne soit plus suffisante… pour plusieurs produits, du blé au gaz naturel!
La Russie est le plus grand exportateur d’énergie au monde, un fournisseur vital de métaux et, avec l’Ukraine, représente 25% des expéditions de blé.
Le pétrole a dépassé les 110 dollars le baril, l’aluminium a battu un nouveau record et le blé a atteint son plus haut niveau depuis 2008. En Europe, les prix du gaz naturel et du charbon ont atteint des sommets historiques, aggravant la crise énergétique de la région.
Les répercussions de la guerre en Ukraine se sont également fait sentir en Tunisie. Le gouvernement a annoncé une nouvelle hausse des prix du carburant pour la seconde fois en un mois.
La hausse des prix sur les marchés internationaux intervient alors que les ressources naturelles n’ont pas fait l’objet de sanctions directes de la part des puissances occidentales. Elles sont, par contre, la réponse naturelle à l’exode des traders, banques et armateurs qui évitent de plus en plus tout lien commercial avec la Russie, de peur d’être mêlés eux-mêmes à des sanctions.
Les négociants en céréales n’ont pas voulu prendre le risque d’entrer dans de nouvelles affaires ou de payer les coûts croissants de l’affrètement et de l’assurance des navires pour récupérer les marchandises dans les ports russes. Les exportations de l’Ukraine sont déjà au point mort, avec des craintes croissantes que les ruptures d’approvisionnement ne se répercutent sur la prochaine saison et potentiellement au-delà.
Le chaos dans les marchés des matières premières et des denrées alimentaires causé par la guerre se répercutera sur l’économie mondiale, affirment les analystes, et risque de provoquer des pénuries qui feraient accélérer l’inflation déjà à son plus haut niveau depuis des années et, dans certains pays, depuis des décennies.
Les contrats à terme de référence sur le blé tendre rouge d’hiver ont dépassé la limite quotidienne, grimpant de 7.6% à 10,59 dollars le boisseau (environ 27 kg) à Chicago. Le maïs a grimpé de 2.8% pour atteindre son plus haut niveau depuis 2011 avec 5.9 dollars le boisseau.
Pour le pétrole, un grand nombre de propriétaires de pétroliers refusent de charger des cargaisons russes tant que l’impact des sanctions financières ne sera pas plus clair. Le nombre de navires réservés pour charger des cargaisons en mars est inférieur au quart du nombre enregistré à la même période le mois dernier.
Energy Aspects, un consultant, estime que jusqu’à 70 % des exportations russes ne sont pas commercialisées actuellement.
La flambée au-delà de 110 dollars le baril de brut Brent s’est produite même après que l’Agence internationale de l’énergie a coordonné la libération de 60 millions de barils des stocks mondiaux. Le brut russe phare de l’Oural a été proposé à la vente à un prix record mais n’a reçu aucun enchérisseur.