QNB Economics, l’équipe d’économistes de la banque QNB, a publié vendredi un rapport sur les perspectives de développement de l’économie de la zone euro. Les conclusions sont les suivantes.
L’économie de la zone euro s’est fortement rétractée en 2020 en raison de l’apparition de la pandémie, mais a connu une forte reprise en 2021. La croissance moyenne a atteint 5,5 % en glissement annuel au cours des trois premiers trimestres de 2021, principalement sous l’effet des mesures de relance budgétaire, de la réouverture de l’économie et du déploiement des vaccins. Bien que les perspectives économiques restent positives, les risques pour la croissance sont orientés à la baisse à court et moyen terme.
Cette analyse se focalise sur les trois risques qui pèsent sur les perspectives de croissance économique de la zone euro au cours des prochains trimestres : une résurgence des cas de Covid-19, une hausse de l’inflation et des contraintes d’approvisionnement au niveau mondial.
De prime abord, la recrudescence des nouveaux cas contraint plusieurs gouvernements à renforcer leurs règles en ce qui concerne le coronavirus. Le nombre de nouveaux cas de Covid-19 dans la zone euro a déjà atteint près de trois fois le pic précédent, en novembre 2020 (graphique 1). Cela s’explique principalement par le fait que le nouveau variant Omicron, qui présente un nombre particulièrement élevé de mutations, réduit l’efficacité du vaccin contre les infections bénignes. En conséquence, de nombreux pays de la zone euro ont réintroduit diverses formes de restrictions de voyage et de confinement. Par exemple, les Pays-Bas ont introduit des mesures locales de verrouillage plus strictes, l’Allemagne et la France interdisent les voyageurs en provenance du Royaume-Uni et l’Italie exige des tests avant le départ pour tous les touristes de l’Union européenne (UE).
Ensuite, la hausse de l’inflation, principalement due aux prix élevés de l’énergie, constitue un risque pour les perspectives de croissance économique. Les prix à la consommation (IPC) ont augmenté rapidement en 2021, atteignant 4,9 % en glissement annuel en novembre, le niveau le plus élevé depuis l’introduction de l’euro en 1999 (graphique 2). La hausse de l’IPC réduit le pouvoir d’achat des salaires et autres revenus des personnes, ce qui freine les dépenses de consommation. Si l’inflation élevée persiste, la Banque centrale européenne (BCE) sera soumise à des pressions croissantes pour resserrer la politique monétaire plus tôt que prévu actuellement. Un resserrement de la politique monétaire, par le biais d’une réduction de l’ampleur des achats d’actifs ou d’une éventuelle hausse des taux d’intérêt, ralentirait la croissance économique en réduisant la disponibilité du crédit pour les consommateurs et les entreprises à des fins d’investissement.
In fine, les contraintes d’approvisionnement à l’échelle mondiale constituent un frein à l’activité du secteur manufacturier de la zone euro. Par exemple, les blocages de la chaîne d’approvisionnement contribuent à l’augmentation du coût de production et au dépassement des délais de livraison. Cela a contribué à la chute de l’indice des directeurs d’achat (PMI) du secteur manufacturier, qui est passé d’un pic de 63,4 en juin à 58 en décembre 2021. Si les blocages de la chaîne d’approvisionnement sont plus persistants que prévu, ils limiteront l’activité économique dans la zone euro et constituent donc un risque de détérioration des perspectives.
Dans l’ensemble, une résurgence de nouveaux cas de Covid-19, une inflation toujours élevée et des contraintes d’approvisionnement mondial plus persistantes constituent des risques pour les perspectives économiques. Les pays où les niveaux de vaccination sont plus faibles, les marchés du travail plus tendus et les secteurs manufacturiers plus importants sont plus vulnérables à ces risques.
Ces risques, ainsi que le ralentissement des économies chinoise et américaine, signifient que les perspectives de croissance économique dans la zone euro sont plus faibles que ce que prévoit le Fonds monétaire international dans ses perspectives économiques mondiales d’octobre (5,0 % en 2021 et 4,3 % en 2022).