Marouan Abassi, gouverneur de la Banque centrale, a exprimé son mécontentement de la dégradation par Moody’s de la notation de la Tunisie ; une action qu’il a jugée “injuste”.
Intervenant lors des Journées de l’entreprise organisées par l’IACE, Abassi a indiqué que l’agence de notation aurait pu attendre jusqu’en février pour mettre à jour la notation de la Tunisie, surtout que, à l’époque, un chef de gouvernement a été nommé et les discussions pour désigner les ministres étaient en cours.
La dégradation de la notation souveraine de la Tunisie a, de l’aveu du gouverneur, “compliqué notre manière de fonctionner”. Cependant, il a catégoriquement nié que la Tunisie fera appel au fameux Club de Paris, ce groupe informel de créanciers publics dont l’objectif est d’aider les pays lourdement endettés à rééchelonner leurs dettes.
Abassi a peut-être oublié de mentionner que pour pouvoir bénéficier des services du Club de Paris, il faut que le pays en question s’engage à mettre en œuvre une réforme économique et doit déjà avoir un programme en cours avec le FMI, soutenu par un arrangement conditionnel. Et la Tunisie ne dispose pas encore d’un tel programme.
En revanche, le gouverneur de la BCT a (r)assuré que la Tunisie va être capable d’atteindre un accord avec le FMI, et ce, dès le premier trimestre 2022.
Ayant rencontré le président de la République il y a moins d’une semaine, Abassi a également assuré qu’il aura “une visibilité sur le plan politique”. “J’espère que ça va être fait parce que cela donnera deux signaux importants qui feront qu’on va être capable de revenir sur les marchés internationaux”, a-t-il ajouté. Pour Abassi, le timing est important pour pouvoir sortir sur le marché international “en utilisant cette crise”, i.e. pour avoir des conditions plus favorables.
“Nous étions les premiers à avoir pu utiliser les DTS”, a rappelé à cet égard le gouverneur de la BCT, faisant référence aux 522 millions de DTS accordés par le FMI à la Tunisie en septembre dernier. “Et on va être peut-être les premiers dans la région à pouvoir utiliser les DTS pour financer 2022”, a-t-il ajouté.
Outre le FMI, Abassi a signalé qu’on peut accéder à d’autres sources de financement en indiquant que la Tunisie “aura la capacité de se faire financer avec des fonds concessionnaires qui vont nous permettre de pouvoir structurer le budget 2022”.