Après avoir arpenté la Tunisie pendant plus d’une dizaine d’années en qualité d’expert entomologiste, Wael Ben Aba, président de l’Association tunisienne de la vie sauvage, ne cesse de tirer la sonnette d’alarme pour nous éveiller aux menaces qui pèsent sur la biodiversité de notre pays. Pour y faire face, il propose de s’attaquer au problème de prise de conscience, d’établir un inventaire qualitatif et quantitatif, d’impliquer tout le monde pour définir les priorités et de mettre sur pied un nouveau plan d’action de la conservation de la biodiversité.
Pourvu que ça dure ! La Tunisie est riche de 69 ensembles d’écosystèmes naturels et 12 ensembles d’agrosystèmes qui totalisent 7 212 espèces, dont 3 749 espèces végétales et animales terrestres et 3 463 espèces végétales et animales marines et aquatiques ainsi que 32 collections de micro-organismes, totalisant 22 650 souches.
Une richesse aujourd’hui exposée à des menaces naturelles et humaines, dont la mise en culture des terrains de parcours et des terres marginales, la perte, la fragmentation et la dégradation des habitats, la prolifération d’espèces exotiques envahissantes, la pollution (solide, liquide, aérienne…), sans oublier les changements climatiques.
Insectes, animaux nocturnes et autres espèces en extinction
Le danger est là, mais inutile de paniquer car de nombreux « activistes » de bonne volonté se battent depuis longtemps en Tunisie pour sauver cette richesse. Parmi eux, Wael Ben Aba, entomologiste, président de l’Association tunisienne de la vie sauvage (ATVS), qui a fouillé tous les recoins de notre pays depuis plus d’une décennie à la recherche des insectes et qui s’est construit, dans la foulée, une conscience de biodiversité pour laquelle il milite depuis lors au sein de son association.
« Nous en sommes encore aujourd’hui à constater le manque flagrant d’informations et de programmes, le manque de prise de conscience collective des Tunisiens de la menace qui pèse sur la biodiversité de notre pays. L’éducation environnementale doit s’arrimer solidement dès l’école primaire. De plus, les acteurs de la défense de la biodiversité (l’administration, les associations…) doivent faire plus d’efforts pour faire remonter l’info. Ce qui fait que l’indifférence règne alors que la faune et la flore sont menacées d’extinction : des insectes, des animaux nocturnes et autres espèces dont nous ne savons rien et où nos efforts sont bien trop faibles pour faire la différence », regrette notre interlocuteur.
Bonnes pratiques d’urgence
En première ligne, l’ATVS se dévoue à inventorier la biodiversité en Tunisie et contribuer à sa conservation, mais elle reconnaît aussi l’importance capitale de la sensibilisation ; et c’est par là que Wael Ben Aba commence une petite liste de bonnes pratiques qu’il est, selon lui, urgent d’appliquer :
– d’abord, s’attaquer au problème de prise de conscience en incitant chacun à s’instruire, et en soulignant que nous ne pouvons vivre sans biodiversité (le déséquilibre menace aussi les hommes) ;
– ensuite, travailler ensemble (associations, administration…) pour l’établissement d’un inventaire qualitatif et quantitatif de la biodiversité ;
– puis impliquer toutes les composantes de la société tunisienne pour débattre des enjeux liés à la conservation de la biodiversité en Tunisie et définir ensemble les priorités en termes de conservation et de gestion durable des ressources naturelles nationales ;
– et, enfin, mettre sur pied un nouveau plan d’action de la conservation de la biodiversité (objectifs et mécanismes).