Les informations rapportées par plusieurs médias indiquent que la Tunisie devrait obtenir deux crédits auprès de l’Arabie saoudite et de la Libye pour un montant total d’un milliard de dollars. Les taux d’intérêt devraient se situer entre 6 et 7%.
Certes, il s’agit d’une belle bouffée d’oxygène en ces temps difficiles. La Tunisie a annoncé qu’elle compte clôturer l’année avec un endettement extérieur total de 12 150 MTND, alors que jusqu’à fin septembre elle n’a encaissé que 5 715 MTND. Le Trésor doit donc mobiliser 6 435 MTND en trois mois. Les emprunts saoudiens et libyens ne représentent que 45% des besoins de financement.
Depuis le début de l’année, les principales sources de financement étaient le FMI grâce aux droits de tirage spéciaux (2 087 MTND), la Banque mondiale (1 148 MTND), l’Union européenne (970 MTND), la BAD (591 MTND), le FMA (342 MTND), l’AFD (330 MTND) et la KfW (248 MTND). Par rapport au programme initial, il nous reste 5 335 MTND à encaisser théoriquement, notamment de l’Union européenne (961 MTND) et de la KfW (477 MTND). L’Algérie figure parmi les pays qui n’ont pas encore apporté leur soutien financier cette année, bien que la version initiale de la Loi de finances 2021 parle d’un prêt de 422 MTND.
A ce niveau, nous pensons que ce montant pourrait même être révisé à la hausse selon les besoins définitifs de l’Etat. Les relations privilégiées avec Alger sont la dernière bouée de sauvetage pour Tunis.
Au niveau des taux, nous ne pouvons dire qu’il s’agit de taux préférentiels. En 2020, la dette extérieure de la Tunisie lui a coûté 2,69%. Nous allons donc contracter une dette très chère par rapport à la moyenne de notre encours. Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une dette en devises, et que n’importe quelle dépréciation du dinar tout au long de la durée de vie du crédit nous coûtera les yeux de la tête.
Il est certain que si la Tunisie allait chercher des financements sur les marchés, elle l’aura avec des taux à deux chiffres. Toutefois, des pays frères peuvent se montrer un peu plus compréhensifs surtout que les taux ailleurs sont faibles.
Globalement, la clôture avec succès de l’exercice budgétaire 2021 se précise, mais à quel prix? Maintenant, il faut penser à 2022 et veiller à mobiliser un financement extérieur net de 1 500 M$. En valeur absolue, il ne s’agit pas d’un montant astronomique, mais dans notre cas, c’est un vrai défi.