Ceux qui sont allés sur Clubhouse ont très probablement déjà croisé ce terme. Ce mot mystérieux de NFT était dans toutes les rooms. Pour les autres, la tendance monte, on voit ce terme même aujourd’hui dans le journal L’Equipe. Il s’agit de la nouvelle façon de faire de l’art, un art virtuel et sans limites géographiques, où tout se joue en ligne sur la blockchain.
Les NFT, pour non-fungible tokens, ou jetons non fongibles, sont, selon Futura Sciences, “des éléments cryptographiques et virtuels sur la blockchain avec des codes d’identification uniques et des métadonnées (auteur, signature, date, type…) qui les distinguent les uns des autres.” En d’autres termes, il s’agit d’œuvres d’art numérique avec une signature électronique unique qui sert de certificat d’authentification et qui contient toutes les données de l’œuvre.
Kenza Zouari, amatrice de NFT tunisienne
Kenza Zouari, amatrice de NFT et collectionneuse tunisienne, est à la base chef de projet chez HP en Tunisie. Elle s’intéresse beaucoup à l’art puisqu’elle a également travaillé à la fondation Kamel Lazaar en 2018. Elle collectionne de l’archivique depuis ses 18 ans, entre tableaux, peintures et calligraphies, suivant l’exemple de sa mère. En septembre 2019, elle a cofondé la maison d’édition Local Groupe avec Kais Dhifi. Ils ont déjà fait deux livres de photos et deux expositions en septembre 2020 et avril 2021. Elle a une galerie en ligne où sont exposées les oeuvres qu’elle possède.
Elle a découvert les NFT pendant le confinement, en mars 2020, lorsqu’elle s’est inscrite sur Clubhouse. Les seuls rooms disponibles parlaient de NFT. C’est comme ça qu’elle a connu cet art, qu’elle a pu travailler dessus et comprendre comment ça marchait. Etant déjà collectionneuse d’art physique, elle s’intéresse aux NFT par amour de la collection.
Comment ça marche ?
Les NFT sont des œuvres virtuelles, donc les collectionneurs se rendent sur des sites. Il y en a pour tous les goûts, selon les différents types d’art. Ensuite, une fois que l’on voit une œuvre qui nous intéresse, il y a deux moyens de l’acheter. Le plus commun est de l’acheter avec de la crypto-monnaie. Pour cela, il faut avoir un portefeuille de crypto-monnaies. D’autres plateformes acceptent également les paiements par carte bancaire avec un compte en devises. Chaque paiement comporte des taxes appelées des gas fees.
Kenza Zouari a des artistes pour lesquels elle a eu un coup de cœur. Elle évoque Tom Fry, un artiste londonien qui fait des peintures cubistes. Il s’est lancé dans les NFT il y a peu. Elle possède une de ses œuvres physiques et des NFT qu’il a créés. Elle parle également de
Jasmine Mansbridge, une artiste qui peint et fait des sculptures. Elle a reçu une de ses œuvres physiques en cadeau. Grâce aux NFT, les artistes peuvent transférer numériquement leurs œuvres aux collectionneurs.
Les avantages des NFT : transparence, traçabilité et contrôle de toute la chaîne d’achat
Grâce aux NFT, Kenza explique que l’on peut connaître qui a créé l’œuvre et qui l’a achetée. “Tout est transparent sur la blockchain. C’est important pour la légitimité et la traçabilité des œuvres. On sait avec les NFT qui a créé et qui possède l’œuvre.”
L’autre avantage est le système de royalties appliqué à toute la chaîne d’achat de l’œuvre. “A chaque revente de l’œuvre, l’artiste récupère un pourcentage sur la vente (de 5 à 25%). Dans les galeries d’art, ils prennent jusqu’à 50% du prix de la vente des œuvres d’artistes. Les royalties assurent un revenu sur les marchés secondaires, c’est-à-dire sur la revente de l’œuvre.”
Les NFT récompensent même les collectionneurs pour certaines plateformes. Par exemple, elle cite la plateforme SuperRare qui propose aux collectionneurs de gagner de l’argent en collectionnant. “Il s’agit d’un système de récompense qui encourage à collectionner. Certaines plateformes encouragent même les enfants à créer des NFT.”
Les NFT rendent l’art plus accessible et plus ouvert. Il n’y a plus de frontières géographiques, de barrières sociales qui empêchent l’accès à l’art. Tout est virtuel, ouvert, dématérialisé et visible pour tous. “L’art est accessible, c’est bien pour les gens qui vivent dans des zones où l’art n’est pas développé, visibilité, contact direct avec les collectionneurs.
Il y a quand même quelques inconvénients. Zouari déclare qu’il y a un besoin de marketing constant. “Les artistes ont beaucoup de storytelling à faire et cela demande d’être très présent sur les réseaux sociaux. Il existe le besoin constant de communiquer sur son art et sur ses œuvres pour se faire connaître et se distinguer des autres artistes. Je conseille d’ailleurs souvent aux artistes de faire attention à leur santé mentale.”
Un marché de niche qui s’ouvre de plus en plus
Les NFT sont passés d’un marché de niche pour une poignée d’amateurs à une pratique très lucrative de l’art où des œuvres se vendent à des millions de dollars. C’est pour cela que Sotheby’s et Christie’s se sont aussi mises à vendre des NFT. “Il est possible que le schéma du monde de l’art traditionnel se répète. Mais les NFT permettent plus de flexibilité dans le sens où les artistes sont les premiers à contrôler ce qui advient de leurs œuvres.”
Les NFT permettent également à tout un chacun d’être créateur d’art, ouvrant les possibilités aux mineurs, aux femmes et aux minorités. “Les NFT permettent de s’éloigner de l’idée d’un art créé par et pour des hommes blancs”.
D’ailleurs, Kenza Zouari est commissaire d’exposition pour une exposition qui s’organise dans un métaverse. “J’organise l’exposition “My land is not your land” à travers laquelle je veux mettre en avant des artistes Africains. Elle se déroulera le 22 septembre à la galerie JO7 sur Cryptovoxels.”
Tout ce qui est lié aux crypto-monnaies pose un problème de flou légal en Tunisie. Kenza Zouari a déclaré que le flou légal n’incite pas à s’aventurer dans ça. “Si on part du principe que c’est illégal d’avoir un compte en devises à moins de pouvoir justifier qu’on a une patente ou des revenus qui viennent de l’étranger, c’est illégal. J’espère que ça va changer. Il y a de la réserve sur les NFT en Tunisie”.
Les NFT sont une technologie d’avenir. Après avoir connu une mode impressionnante pendant la Covid, les NFT continuent de rassembler et de passionner les gens. La passion des NFT est le résultat de la volonté des gens de se connecter et d’échanger de l’art malgré la distanciation et l’éloignement géographique. Il s’agit de digitalisation et d’avancée de la technologie. “C’est l’avenir, nous sommes dans la réalité augmentée et la réalité virtuelle.”