Contrairement aux prévisions de plusieurs économistes, les finances publiques tiennent bon au moins sur les six premiers mois de 2021. L’année a été sauvée par une excellente recette fiscale, en hausse de 16,7% à 14 766,7 MTND. L’administration fiscale a effectué un excellent travail sur la période et il n’est pas exclu d’atteindre les niveaux records de 2019 d’ici la fin de l’année.
Cependant, cela est passé par un taux de pression fiscale de 24,6% (24% hors pétrole) selon la Loi de Finances 2021. Et comme la croissance (donc le PIB) sera plus faible que prévu, ce taux serait réellement en forte hausse. En d’autres termes, l’Etat est en train de doper ses revenus mais au détriment de la capacité des entreprises à s’autofinancer et à investir. En même temps, l’Etat est en train de réduire ses investissements qui ont fondu de 39% à 1 415 MTND. D’où viendra donc la croissance ?
C’est la vraie équation à laquelle il faudra trouver une réponse. Ce qui se passe actuellement c’est que le secteur public est en train de vivre au détriment d’un secteur privé qui affecte le peu de valeur qu’il crée à ses engagements fiscaux et sociaux.
Pour que la croissance reprenne, il faut briser ce cercle. L’Etat doit trouver d’autres ressources pour se financer, qui ne sont pas sous la forme de dettes ou de recettes fiscales pour au moins trois années. Cela ne peut être que sous la forme de revenus de privatisation et de cession d’actifs. Il y a un besoin de générer au moins 5 milliards de dinars par an sur les trois prochaines années et réduire autant la pression fiscale sur les entreprises qui apurent leurs situations vis-à-vis de l’administration et qui investissent. En parallèle, la libéralisation de l’initiative privée et le lancement véritable des projets dans le cadre de PPP donneront un nouveau souffle à l’investissement.
Il faut être pragmatique. A quoi sert de garder les bijoux de la famille si le pays risque de s’effondrer ? Ces actifs qui ont une certaine valeur aujourd’hui n’apporteront rien si le mal est fait. Le choix aujourd’hui est entre vivre le plus longtemps possible sous respirateur ou sacrifier un organe, supporter le mal et reprendre une vie normale. Les vrais Hommes d’Etat cocheront certainement la seconde case.