L’agence de notation Moody’s a décidé mercredi 15 mars de dégrader la note de la Tunisie de B1 à B2 avec perspectives stables. Les raisons évoquées renvoient à l’accroissement de la dette publique mais également à la baisse des réserves en devises du pays.
L’agence de notation a également décidé d’abaisser la note de la dette libellée en devises de la Banque Centrale de Tunisie, qui passe de B1 à B2 avec perspective stable, et rappelle que le gouvernement tunisien est légalement responsable des paiements de toutes les obligations émises par la BCT.
Moody’s juge que l’amélioration des indicateurs clés se fait progressivement, ce qui augmente la vulnérabilité de l’économie aux chocs aussi bien internes qu’externes.
Les principaux moteurs de cette dégradation sont les prévisions de Moody’s, selon lesquelles l’érosion des réserves budgétaires et des réserves de change ne s’inversera pas de manière significative au cours des prochaines années:
1) La dette de l’administration centrale a atteint environ 70% du PIB en 2017 et augmentera graduellement en 2018–2019, en raison de la baisse de la capacité de remboursement de la dette;
2) Le déficit du compte courant restera important, passant de 10,4% du PIB en 2017 et la dette extérieure de l’économie a encore dépassé 80% du PIB, ce qui affaiblit les réserves.
La perspective stable reflète les prévisions de Moody’s selon lesquelles les indicateurs de crédit de la Tunisie resteront conformes à la note B2. “L’assainissement budgétaire est en cours et atténuera la hausse du fardeau de la dette publique, tandis que la reprise de la demande extérieure pour les services, la production manufacturière et l’agriculture aidera à réduire lentement le déficit courant, empêchant une nouvelle érosion des réserves de change”.
La perspective stable reflète l’hypothèse de Moody’s selon laquelle la Tunisie continue d’atteindre les objectifs du programme du FMI, assurant la continuité des décaissements prévus du secteur public, le gouvernement s’attendant à couvrir près de 50% des besoins de financement budgétaire.
Moody’s prévoit que la dette publique atteindra 73% en 2019, contre 70,2% en 2017 et 61,9% en 2016, surtout que 65% de la dette publique est libellée en monnaie étrangère et que les dettes des entreprises publiques ne cesse d’augmenter pour atteindre 13% du PIB.