Farhat Zouaghi, PDG de la STAM
Un seul chiffre suffit pour comprendre l’importance du rôle que joue la Société Tunisienne d’Acconage et de Manutention dans l’économie nationale. En effet, la STAM traite 69 % du tonnage global de marchandises transitant par les ports de commerce en Tunisie ! Souvent critiquée, la STAM a mis en place tout un programme de réformes visant à améliorer les services qu’elle offre aux entreprises. Pour y répondre, nous avons rencontré Farhat Zouaghi, son Président-Directeur Général, qui nous en dit plus sur les chantiers en cours, leur impact sur les délais et les futurs projets.
Peut-on espérer une solution pour la congestion à Radès?
Effectivement, nous sommes tout à fait conscients que les difficultés que nous rencontrons, notamment au port de Radès, le plus important port du pays, sont à l’origine du mécontentement de nos clients. Pour y remédier, nous avons mis en place un vaste programme de réformes qui va, du moins c’est ce que nous présumons, révolutionner la gestion des opérations au port.
Actuellement, le rendement maximal des opérations de chargement et de déchargement est estimé entre 8 et 10 conteneurs par heure. Et j’avoue qu’il arrive parfois de tomber en dessous de ces chiffres. Par exemple, les grues de manutention se désactivent automatiquement si la vitesse du vent dépasse les 20 noeuds (environ 37 km/h, ndlr) …
Grâce à ce programme de 85 millions de dinars, nous estimons que le rendement connaîtra un saut qualitatif significatif et nous pourrons manipuler entre 13 et 15 conteneurs par heure.
Pouvez-vous nous donner plus de détails sur ce projet ?
Nous avons commencé par séparer les quais dédiés aux navires porte-conteneurs de ceux destinés aux navires rouliers. Cela nous a évité non seulement les retards dus au croisement de flux mais aussi aux accidents qui endommagent nos équipements.
D’ailleurs, le système de gestion de la maintenance assistée par ordinateur, que nous allons mettre en place, va nous permettre de faire le suivi automatisé des opérations de maintenance : savoir en temps réel quelle machine est en panne, sa localisation, les causes de la panne, etc. Et avec la mise en service très prochaine des grues à portique sur pneus (RTG), les opérations de chargement et de déchargement seront effectuées avec beaucoup plus d’efficacité.
Ces RTG vont également nous permettre d’accroître la capacité de stockage du port qui passera de 7 mille EVP à 20 mille puisque nous serons capables d’empiler 5 étages de conteneurs au lieu de 3 actuellement. Quant aux conteneurs frigorifiques, ils vont pouvoir profiter d’une nouvelle plateforme intelligente qui va permettre de contrôler à distance la température de chaque conteneur.
Comment comptez-vous fluidifier le flux au port?
Nous allons également installé un système Smart Gate qui va permettre la gestion automatisée du flux des camions entrant et sortant. En effet, il nous sera possible de collecter à distance toutes les informations nécessaires sur les véhicules accédant au port : immatriculation du camion, numéro du conteneur et son état, etc.
Ces camions ne vont plus perdre des heures à la recherche d’un conteneur parmi les 12 mille qui occupent actuellement le port. Grâce au système de gestion de terminaux (TOS) que nous allons mettre en place et à la localisation par GPS qu’il offre, il nous sera possible de guider électroniquement les camions jusqu’au conteneur à déplacer.
Cerise sur le gâteau: le paiement peut se faire en ligne avant même que le camion n’arrive au portail. La bonne nouvelle est que la première tranche de ce système sera fonctionnelle dans les jours à venir.
Le contrôle de tous ces systèmes va être centralisé dans une même salle de contrôle, elle aussi en cours de préparation. À partir de ce centre nerveux, nous allons même pouvoir gérer le déplacement des conteneurs : les appareils de manutention ne vont pouvoir déplacer que les conteneurs qui leur ont été indiqués par le système de planification. De plus, nous pensons que ce système va mettre fin aux accusations infondées de traitements préférentiels. Bien évidemment, les ressources humaines sont fondamentales pour réussir cette nouvelle approche. Nous avons donc tenu à bien former nos agents pour leur permettre de tirer pleinement avantage de ces nouveaux outils.
Avez-vous également des projets pour améliorer la dématérialisation des procédures ?
Nous avons déjà avancé sur ce volet. Je peux vous assurer que, mises à part quelques exceptions, toutes nos transactions se font électroniquement.
Comment expliquez-vous que le rendement de la STAM dans les autres ports soit supérieur à celui de Radès ?
Il n’y a point de mystère à ce sujet: la cadence dans les autres ports du pays est nettement inférieure à celle de Radès.
Dans les autres ports, nous avons le temps nécessaire pour effectuer les opérations de maintenance préventive et curative sur le matériel, ce qui n’est pas le cas à Radès. De plus, la surcharge des conteneurs déposés sur les quais de Radès fait que les opérations de manutention ne se font pas dans les meilleures conditions.