La crise que vit notre pays depuis des années et qui s’intensifie de jour en jour ne passe pas inaperçue. Dans le souci de solutionner les problèmes si nombreux et entravant la relance économique du pays, s’est tenu mercredi le 11 avril 2018, le Symposium national sur les Réformes majeures sous le haut patronage du Chef du gouvernent, Youssef Chahed. Y ont également assisté des membres du gouvernement, des représentants d’organisations nationales, d’experts et d’acteurs de l’économie nationale.
Les grandes réformes, selon le Chef du gouvernement, ne vont pas perturber le document de Carthage. Cependant, elles doivent nécessairement être engagées.
Quoiqu’elles tournent autour de différents axes, ces solutions se résument en ces termes : la Tunisie doit serrer la vis des dépenses publiques.
En un premier lieu, ont été évoquées les anomalies dont souffrent les caisses sociales, à savoir la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et la Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale (CNRPS): une situation financière critique, des indicateurs économiques négatifs et un déficit structurel qui se creuse de plus en plus. Concrètement, l’Etat tunisien se trouve obligé de verser une enveloppe de 100 millions de dinars par mois pour couvrir ce déficit. Ces problèmes ont eu un impact sur les organismes de l’assurance maladie tels que la CNAM et la Pharmacie centrale. Ainsi, Chahed a appelé à une solution radicale et à long terme.
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Par ailleurs, l’accent a été particulièrement mis sur les lacunes constatées au niveau de la Caisse générale de compensation, cet organisme public qui stabilise les prix via les subventions. En effet, ces subventions ne seraient en aucun cas annulées mais plutôt révisées d’une manière à ce qu’elles soient destinées seulement aux classes modestes.
Chahed a profité de l’occasion pour rebondir sur les « rumeurs véhiculées » concernant la privatisation des entreprises publiques. Il persiste et signe sur la conscience du gouvernement tunisien du rôle pivot que jouent ces entreprises qui offrent des services basiques aux citoyens, citant dans ce contexte la STEG, la SONEDE, les établissements d’enseignement et de la santé, la Poste tunisienne et la SNCFT.
Néanmoins, quand il s’agit des établissements qui œuvrent dans des secteurs compétitifs non-stratégiques, des mesures seront prises. Comment peut-on tolérer l’existence d’entreprises publiques déficitaires ? Doit-on continuer à les renflouer en utilisant les taxes des citoyens et des entreprises privées malgré les pertes accumulées d’une année à l’autre ? Ne serait-il pas plus utile voire urgent d’investir les sommes qui leur sont habituellement destinées pour réduire le déficit de l’Etat ou pour mettre en œuvre des projets de développement dans divers domaines tels que la santé, l’enseignement et l’infrastructure et dans les zones intérieures ?
Toujours dans le même sillage, le Chef du gouvernement a pointé la Fonction publique. En effet, suite à un diagnostic de ce secteur, force est de constater que les lacunes ne manquent pas. Parmi les problèmes à solutionner, Chahed a mis en lumière notamment la hausse de la masse salariale. Chiffre donnant froid dans le dos : plus de 40% du budget de l’Etat sont destinés aux salaires. Ainsi, des mesures seront prises dans un but ultime, celui d’améliorer la qualité des services des établissements publics. Pour y arriver, des plans stratégiques bien ciblés seront mis en place tout en limitant les recrutements.
Le gouvernement tunisien entre le marteau et l’enclume
Traiter en profondeur les problèmes et leur trouver des solutions concrètes et applicables nécessite absolument la participation de tous ! Sauf que l’UGTT a boycotté ces travaux. Ainsi, Chahed a tenu à exprimer son regret quant à l’absence de « ce partenaire stratégique », prônant une approche participative de la société civile et de tous les acteurs socio-économiques, de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP) et de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA).
« En dépit des problèmes politiques, la main sera toujours tendue pour discuter de l’intérêt public et bien évidemment de ces réformes. Les critiques, qu’elles soient positives ou négatives, sont les bienvenues. Maintenant que toutes les données ont été exposées, nous sommes en attente des propositions.», a-t-il déclaré en conclusion.