ATUGE
L’Association des Tunisiens des Grandes Ecoles (ATUGE) nous a donné rendez-vous, hier, jeudi 5 avril 2018, pour assister à son forum annuel. Dans sa 27e édition, les débats de cette rencontre ont tourné autour du thème : “La mobilité des talents, opportunités et défis pour les Tunisiens”.
Cet événement, désormais incontournable, a été rehaussé par la présence de Patrice Bergamini, ambassadeur de l’Union européenne (UE) en Tunisie et de Slim Khalbous, ministre tunisien de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.
En marge de cette manifestation, Slim Khalbous a tenu à exposer les chiffres officiels du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique à propos des cadres supérieurs tunisiens expatriés. Il suffit d’ailleurs de les consulter pour se rendre aisément compte qu’il s’agit d’un phénomène qui se propage davantage d’une année à l’autre, aussi bien en Tunisie que sous d’autres cieux.
En effet, selon le ministre, le nombre des cadres supérieurs tunisiens installés à l’étranger est de 8.200 dont 28% d’enseignants chercheurs, autant d’ingénieurs et 450 informaticiens non ingénieurs. S’agissant du secteur de la santé, le nombre des médecins et des pharmaciens expatriés avoisine les 1000 personnes. Il est à noter que 10% de ces cadres partis à l’étranger sont des femmes.
Quant aux étudiants, ils semblent tout aussi attirés par les destinations étrangères. En effet, la mobilité des étudiants a presque triplé entre 2015 et 2017, pour passer de 640 étudiants à 1.780 par an. Et c’est l’augmentation du nombre des bourses destinées aux étudiants qui est à l’origine de cette hausse. D’ailleurs, les bourses à plein temps attribuées aux étudiants ont franchi la barre de 2.330. S’agissant des bourses d’alternance, c’est-à-dire celles de courte durée de 3 à 6 mois, elles sont de 1.500.
Dans le même sillage, a été présenté un bilan sur la mobilité des Tunisiens dans le cadre de la coopération technique, précisant que 70% des ressortissants tunisiens migrent vers les pays arabes.
D’après une enquête réalisée en 2018 par l’ATUGE sur la mobilité des compétences à l’étranger, sur un échantillon de 404 personnes, la dégradation des conditions du pays telles que la corruption, la bureaucratie et l’absence de confiance dans un avenir meilleur est à l’origine du départ de 33% du total des compétences tunisiennes qui ont rejoint la diaspora établie à l’étranger.
Commentant les résultats des études, le ministre estime qu’il est nécessaire de ne pas rompre les liens avec la diaspora afin de bénéficier de son apport si bénéfique au pays.
Concrètement, une stratégie susceptible de tirer profit de ce phénomène a été élaborée. Elle repose essentiellement sur trois axes, à savoir l’attractivité par niches (spécialités), une politique de mobilité et le réseautage international.
“L’ouverture des frontières signifie ouverture des esprits”
La position de l’UE quant à la mobilité tunisienne est de soutenir ce phénomène qui, selon les dires de Patrice Bergamini, est “une tendance mondiale et naturelle”.
A titre d’illustration, l’ambassadeur de l’UE a affirmé que la mobilité des talents dans le monde a doublé entre 2013 et 2020.
“L’ouverture des frontières signifie ouverture des esprits. Pour soutenir ce mouvement, notamment celui des étudiants, l’Europe offre plusieurs programmes qui leur sont dédiés. A preuve, Erasmus +, le programme qui soutient les actions dans les domaines de l’enseignement, de la formation, de la jeunesse et du sport pour la période 2014–2020 est à l’origine de la multiplication du nombre des étudiants expatriés par trois », a-t-il indiqué.
Néanmoins, bien que le nombre des citoyens expatriés soit élevé, quelques obstacles sont à constater.
Pour une facilitation de l’obtention des visas
L’ambassadeur de l’UE n’a pas manqué d’évoquer un point qui semble préoccuper une importante portion des jeunes souhaitant poursuivre leurs études à l’étranger. Il s’agit de l’obtention des visas.
Dans le souci de simplifier les procédures, l’UE est allée vers une libération des visas vers des pays comme l’Ukraine et a procédé à une facilitation des visas avec les pays des Balkans alors qu’ils sont toujours en crise économique et sociale.
Bergamini persiste et signe sur l’ouverture de l’Europe en vue de faciliter l’obtention des visas aux jeunes Tunisiens qui, selon ses dires, dépendrait des négociations avec les partenaires.