Lors du forum de L’Économiste Maghrébin, Norman Schräpel, directeur du programme de transformation digitale de la GIZ en Tunisie, expose en quelques points les enjeux de la digitalisation en Tunisie lors du premier panel du Forum de l’Économiste maghrébin qui s’est tenu le 17 juin autour de la thématique :”Quelle Tunisie dans le nouveau monde qui se dessine?”
La lutte de Norman Schräpel cherche à concilier deux enjeux du monde moderne : la digitalisation et l’écologie. Ensemble, ils permettent d’avancer vers une économie d’avenir : “Dans l’entreprise, dans notre vie privée ou professionnelle, il y a deux gros défis : la digitalisation ou accélérer la digitalisation et la lutte contre la crise écologique. Dans ce panel, nous avons marié ces 2 grands challenges. La digitalisation a un grand rôle à jouer pour trouver des solutions qui nous aident à être plus écologique, plus efficace mais aussi plus économique.”
En Tunisie, depuis 2018, il se présente comme un “outsider” alors qu’il maîtrise parfaitement les tenants et les aboutissants des défis de la Tunisie en termes de digitalisation. Et de poser une problématique percutante “Quel impact pour l’économie peut apporter la digitalisation et la crise climatique ?” La solution est simple : “C’est une question de R&D, d’innovation, de nouvelles solutions.”
L’économie n’est pas prête à répondre à la question de la digitalisation
Il y a un équilibre à trouver entre des grandes entreprises qui veulent faire leur transition digitale et un écosystème tech plus mobile : “Nous avons vu plusieurs intervenants dire qu’il faut réfléchir sur le rôle de l’IA, de l’IoT, de la digitalisation de façon plus large. L’économie n’est pas prête à répondre à cette question. D’un côté, il y a des entreprises qui travaillent dans le secteur textile, pharmaceutique, automobile etc., mais ce ne sont pas des experts de l’IA. De l’autre côté, il y a l’écosystème technologique. Mis à part certaines startups, des PME,etc. qui sont quelquefois en relation avec l’industrie mais l’alliance entre les deux milieux n’est pas très forte. Il y a une question à se poser : comment assurer l’innovation, la R&D nécessaire pour préparer l’économie tunisienne à cet avenir qui est en train de se dessiner ? Tout un processus qui commence aujourd’hui mais qui continuera.”
Le monde est en plein changement
Et dans ce nouveau monde, la R&D occupe une place très importante. “Quelles seraient les opportunités, quels seraient les risques pour le marché ?” Le monde industriel est en plein changement, pour la transition digitale et pour la crise COVID : une mutation importante concerne les chaînes de valeur. Si on prend le secteur des textiles, de l’automobile, ce sont deux marchés qui sont déjà en train d’être en disruption. Avec la COVID-19, il y a une rupture énorme sur la façon de faire le business, la communication interne dans une entreprise, les deals.”
Ce changement qui serait plutôt positif: “Je vois plutôt des opportunités, avec sûrement aussi beaucoup de risques. Si nous voulons réfléchir sur les opportunités pour la Tunisie, il faut analyser les changements au sein de l’industrie dans 5 ans, 10 ans, 15 ans à venir. Ce n’est pas du tout facile. Je connais l’exemple de DHL qui ont peur de perdre tout leur business parce que la logistique va énormément changer. Par exemple, la production va être plus proche des clients. Ils sont en train de tester les drones, la production locale avec les imprimantes 3D. L’innovation doit être envisagée pour appréhender l’avenir. Un investissement à considérer, même s’il est coûteux.”
Norman Schräpel propose des solutions à mettre en place, qui bénéficient aux entreprises comme aux startups. “Nous avons vu l’exemple de comment la digitalisation peut aider pour gérer des ressources, réduire les coûts, mais aussi avoir un impact sur tout ce qui est changement climatique. En Tunisie, il existe pas mal de solutions IoT. Il faut juste identifier et réfléchir à comment ça va changer votre business. Elles permettent d’identifier la consommation électrique dans l’entreprise ou dans l’organisation. C’est très facile à mettre en place et elles améliorent considérablement l’efficacité de la gestion des ressources.”
Le changement est fait de partenariat et de collaboration
Enfin, le changement ne se fait pas seul. Il s’agit de travailler en coopérative entre plusieurs acteurs : “Le troisième point, c’est de faire de nouvelles alliances. Il doit y avoir plus de collaboration entre les acteurs qui sont déconnectés ou peut-être même ne veulent pas travailler ensemble, les banques avec les opérateurs télécoms ou des startups avec des industriels. C’est quelque chose qui doit être accéléré parce que c’est essentiel pour découvrir de nouveaux marchés ou des opportunités, mais aussi pour l’innovation qui est nécessaire.”
La GIZ est partenaire de la digitalisation tunisienne : “Nous, la GIZ, nous sommes ici parce que nous croyons que l’avenir, c’est la digitalisation. La digitalisation est le moteur pour tout ce qui est création d’emplois pour les compétences pour l’avenir. Nous avons un programme qui est là pour vous.”
Nouvelles de la GIZ : inauguration du DOT et stratégie de transformation digitale avec le gouvernement
Par rapport à l’actualité de la GIZ, deux annonces ont été faites : “Nous venons d’inaugurer The DOT la semaine dernière. The DOT est un espace qui est aussi pour vous. Je propose de trouver des collaborations avec des startuppers et de travailler sur un projet concret. La digitalisation est très abstraite, très large ou si on parle d’industrie 4.0, ça c’est aussi un concept assez vague. Il faut transférer ça dans un projet concret pour commencer. Sinon, quand on ne sait pas par où commencer, la première chose à faire, c’est de transformer un problème que l’on a en solution concrète qui répond à ce besoin. Les dots peuvent vous offrir l’espace de faire ça et de trouver des collaborateurs pour votre projet.”
Le Dot comprend un pôle IA, sujet phare du Forum de L’Économiste Maghrébin. “On a beaucoup parlé de l’IA. Dans the Dot, il y a les premières IA. Nous voulons bien positionner la Tunisie pas dans des recherches concrètes et précises parce qu’on n’a pas les moyens comme la Chine ou les États-Unis. La Tunisie peut apporter des user cases et des applications concrètes. Ils peuvent consister en des projets avec des entreprises, avec des grands organismes, avec des fournisseurs de technologie qui sont invités aujourd’hui.”
Pour conclure, une révélation exclusive d’un travail conjoint entre le gouvernement tunisien et la GIZ sur la transformation digitale : “Dernier point, nous commençons la semaine prochaine la création de la stratégie de l’intelligence artificielle pour la Tunisie. C’est en collaboration avec le ministère des TIC et le ministère de l’Industrie. C’est un projet de co- création parce qu’on veut bien en fait vous impliquer avec tout l’écosystème pour réfléchir. Nous avons des axes assez concrets pour ne pas juste avoir une jolie représentation.”