Wall Street English a organisé une rencontre avec Karim Jouini, jeune fondateur et CEO de la startup Expensya qui développe une solution de reporting de dépenses pour les entreprises. Le thème de la soirée étant : Pourquoi les startups tunisiennes ne sont-elles pas compétitives sur le marché international?
La liste des facteurs qui contribuent à cette non-compétitivité est longue, mais le volet financier n’en fait certainement pas partie, a insisté le jeune fondateur. “Le coût total d’un développeur en Tunisie est nettement inférieur à celui qu’on trouve en France ou aux États-Unis”, a-t-il déclaré.
L’accès très limité à la devise représente quant à lui un obstacle majeur pour les startups tunisiennes limitant son accès aux technologies dont elles auraient besoin pour développer un produit compétitif. “Pour intégrer un convertisseur de devises dans notre application, par exemple, nous devons passer 3 semaines à développer la fonctionnalité et continuer à la maintenir à l’infini”, a expliqué Jouini. “Un concurrent européen n’a qu’à souscrire un service tiers pour moins de 100 euros par an”, a-t-il ajouté.
L’accès limité à la devise peut aussi limiter l’accès des jeunes pousses à de nouveaux marchés puisqu’ils sont dans l’incapacité de financer leurs campagnes de marketing dans ces marchés à partir de la Tunisie. “Le paiement des 99 dollars requis pour mettre notre application sur l’App Store nous a pris 6 semaines alors qu’ailleurs, ce process prend moins de 10 minutes”, a déclaré le jeune entrepreneur.
La Tunisie peut représenter un marché attractif pour certaines activités, mais elle ne l’est pas pour un service dans le cloud comme Expensya. Ces solutions SaaS sont généralement offertes à des prix bas et doivent donc assurer une croissance exponentielle pour rentabiliser leurs offres. Pour cela, certaines startups ont besoin d’attaquer le marché international dès leur première journée.
Le marché tunisien souffre aussi d’un grand manque d’ingénieurs compétents, a annoncé Karim Jouini. Le flux migratoire et l’incapacité des startups à recruter des talents internationaux n’ont pas aidé à résoudre cette situation. Cette pénurie de talents rend la mission de la startup encore plus difficile.
Le fondateur d’Expensya a pointé également du doigts le coût élevé des transactions, l’absence d’une culture de prise de risque pour ce manque de compétitivité à l’échelle mondiale.
Changer les règles du jeu est donc d’une priorité extrême si on aspire à développer un écosystème entrepreneurial compétitif, conclut-il.