Les investissements en services annexes à l’industrie sont en berne sur les quatre premiers mois de l’année, ne dépassant pas 59,9 MTND. Mais au-delà de ce chiffre, cinq principaux points méritent d’être interprétés.
Le premier concerne la quasi-absence d’investissements en R&D, qui n’ont pas dépassé 0,2 MTND sur la période. Cela reflète la réalité des entreprises qui n’ont pas les moyens financiers pour les dépenser dans cette activité. Il est rare de trouver une structure d’appui qui accepte d’accompagner un entrepreneur dans une aventure qui ne peut ne pas aboutir. De plus, valoriser et rentabiliser les brevets n’est pas aussi simple. C’est décevant surtout pour les startups qui sont censées être le driver de l’innovation. À l’exception de quelques-unes qui ont les moyens et des projets porteurs, les autres traversent des moments difficiles après la pandémie.
Le second est le niveau des investissements dans la préservation de l’environnement qui sont nuls. Alors que le monde entier se tourne vers l’économie verte, nous continuons à investir à l’ancienne. C’est l’un des éléments qui réduit de facto le flux des IDE. Toutes les lignes de financements actuels mises à la disposition par les bailleurs de fonds internationaux sont conditionnées par le respect l’Accord de Paris. Si le tissu industriel tunisien ne se prépare pas pour accueillir de tels projets, la destination Tunisie risque de disparaître progressivement des radars des investisseurs étrangers.
Le troisième concerne le retour à la formation professionnelle, qui a plus que doublé à 4,5 MTND, profitant de l’activité pleine durant avril contrairement à l’année précédente. Nous ne pouvons pas confirmer qu’il y a une conscience de l’importance de l’investissement en capital humain avant que cette tendance ne soit confirmée pendant des mois. Nous restons encore très loin des 18,3 MTND enregistrés sur les 4 premiers mois de 2019. Les entreprises manquent effectivement de moyens et le mécanisme de la TFP les aide à contourner ce problème. Ce que nous pouvons affirmer c’est que plusieurs entités économiques ont senti le besoin de former leur personnel afin de se doter d’une plus grande flexibilité face aux crises, d’où un recours plus important à la formation.
Le quatrième point concerne les dépenses en études et conseil qui sont passées de 13,2 MTND sur les 4 premiers mois 2020 à 10 MTND cette année. La faiblesse des investissements entreprise explique en partie cette tendance. Mais cela donne également une idée sur ceux qui sont dans le pipe pour les prochains mois. Cette baisse annonce clairement des chiffres modestes pour les mois de mai et juin.
Enfin, il y a les investissements en télécoms qui ont chuté à 2,6 MTND contre 15,9 MTND l’année dernière. Ce segment devrait attirer des investissements massifs avec la 5G programmée pour 2022. Les investissements publics, qui ont décéléré, ont une grande importance car ils sont la base de tous les projets initiés par les opérateurs privées.
Il ne faut donc pas s’attendre à une forte reprise des indicateurs lors des prochains mois. Les entreprises continueront à naviguer à vue, avec le seul objectif de survivre.