La transformation de l’action publique fait l’objet de profondes réflexions dans plusieurs pays occidentaux. Pour faire face aux défis sanitaires, certains gouvernements ont décidé de repenser les modes de gestion des organisations publiques. Des approches plus inclusives mettant le citoyen -usager au cœur des processus de construction du service public ont ainsi vu le jour.
L’État-plateforme (Government platform) et l’Innovation Publique Ouverte (open Innovation) représentent désormais une alternative aux vieux modes d’organisation basés sur la standardisation et la centralisation.
Le numérique a favorisé l’émergence de ces modes inclusifs où toutes les parties prenantes (citoyen, société civile, entreprises..) sont appelées, à travers des outils digitaux collaboratifs, à participer à la conception, à la production et à l’évaluation du service public. Le manager public, quant à lui, se libère de sa rationalité bureaucratique pour devenir un entrepreneur capable d’innover et de s’adapter aux situations imprévisibles. En s’inscrivant dans cette optique de co-construction, les organisations publiques sortent de leurs silos administratifs pour s’ouvrir sur le monde extérieur.
La plateformisation de l’État favorise l’innovation
Le concept de l’État- plateforme a été élaboré par Tim O’Reilly en 2010. Il signifiait que l’État doit se structurer et fonctionner en tant que plateforme en mettant ses ressources à la disposition de la société civile et des acteurs privés pour co-produire des solutions innovantes. L’implication des utilisateurs dans l’identification des besoins, la recherche de solutions, leur expérimentation et leur amélioration aboutit à la construction d’un service public plus efficace et plus adapté aux besoins réels des utilisateurs.
L’État-plateforme favorise une relation de partenariat entre le public et le citoyen. Une sorte de PPC (Partenariat- Public- Citoyen) où les efforts, les expertises et les ressources sont mis en commun pour servir l’intérêt général.
Plusieurs formes de PPC ont vu le jour ces dernières années un peu partout dans le monde. Au Canada par exemple, et à travers des plateformes collaboratives, la communauté est appelée à proposer, voter et intervenir sur des projets qui visent à améliorer la qualité de vie des habitants de la ville de Montréal. Dans certains pays Européens, la collecte de déchets se fait par les citoyens et la société civile. Grâce aux technologies, des associations environnementales s’organisent pour assurer la collecte, le tri et la gestion des déchets avec l’aide des entreprises locales.
En Afrique, des ONG locales prennent en charge la maintenance des hôpitaux et des établissements éducatifs, etc.
L’importance de créer des Partenariats Public-Citoyen (PPC) en Tunisie
L’implication des citoyens et de la société civile d’une façon structurelle dans la gestion des services publics peut amplement bénéficier au pays.
Compte tenu de la faiblesse des ressources publiques destinées au développement et à la maintenance des infrastructures publiques, la mobilisation des ressources bénévoles est en mesure de soulager la pression sur le budget de l’État. On pourrait même imaginer la comptabilisation des ressources bénévoles et la contribution citoyenne dans le budget annuel de l’État.
La Tunisie pourra capitaliser sur la prise de conscience importante des enjeux environnementaux par la société civile. En impliquant davantage ces parties prenantes dans la production de l’action publique, l’État pourra mieux gérer les dangers environnementaux: la détérioration accélérée de l’environnement (pollution de l’air, de la terre et des eaux, problèmes de gestion de déchets..), le stress hydrique de plus en plus menaçant, etc.
Les PPC peuvent débloquer la démocratie locale qui semble être freinée par un héritage institutionnel étouffant et d’un manque de ressources. L’innovation publique ouverte favorise aussi une transparence de l’action publique.