Une nouvelle voie vient de s’ouvrir pour les artisans tunisiens ; cela commence avec le bois d’olivier et les plantes aromatiques. Et l’ambition est d’y associer le plus possible d’acteurs du savoir-faire de toutes les régions du pays.
Cette nouvelle voie rend à César ce qui appartient à César et les organisateurs le disent sans ambages : « Bien qu’elles jouent un rôle clé dans le maintien de l’économie locale, ces artisanes (car la majorité des artisans sont des artisanes !) sont souvent reléguées à une position secondaire dans la chaîne de valeur et n’ont pas un accès équitable aux terres publiques et aux ressources naturelles, ce qui en plus d’un manque de formation aux techniques de travail optimales, freine leur croissance économique. »
Qu’à cela ne tienne ; le projet Action Collaborative pour les Exportations Artisanales (ACEA) lancé en 2018 et financé par le département d’État Américain leur vient en aide pour moderniser et exporter sur la méthodologie du clustering.
350 000 artisans, dont 83% de dames
Mohamed-Amine Sdiri, DG de l’ACEA, se félicite de ce que plus de 400 participants de partout dans le monde assistent à cette manifestation, une fenêtre ouverte sur les Amériques, l’Europe, l’Asie et l’Afrique : « Nous sommes impliqués dans le soutien de l’innovation de centaines d’artisans (surtout des artisanes) en Tunisie en plantes aromatiques et en bois d’olivier et nous caressons l’espoir de créer plus d’opportunités, dupliquer l’expérience dans d’autres secteurs. »
Faouzi Ben Hlima, DG de l’ONAT, souligne le potentiel de ‘CraftExports Tunisia 2021’, la première expo virtuelle spécialisée pour l’artisanat tunisien : « C’est une preuve de partenariat encore plus profond entre la Tunisie et les USA alors que le marché US est, depuis 2018, le premier marché de nos produits artisanaux avec 25,8 MD en 2020. Le secteur emploie 350 000 artisans, avec 83% de dames et on comprend bien qu’il est essentiel dans le développement et l’équité genre. »
Même son de cloche de la part de Donald Blome, l’ambassadeur US qui prononce son allocution en arabe pour souligner sa conviction de ce que cette expo virtuelle est une occasion singulière de faire connaître l’artisanat tunisien : « C’est un projet de 5,6 MD qui soutient l’artisanat et surtout les artisanes pour les aider à parfaire leur savoir-faire et s’imposer sur d’autres marchés. Au cours des 10 dernières années, l’exportation des produits de l’artisanat tunisien est passée de moins d’un million de dinars en 2011 à 25,8 MD en 2020. »
Il tient à féliciter notamment Mabrouka Athimini et Hafidha Khadhraoui qui sont présentes virtuellement avec le soutien de l’ACEA et qui viennent de réussir leurs premières licences d’export.
Lors de la rencontre, les deux clusters objet de l’expo virtuelle ont été présentés et leurs membres se sont exprimés sur leur expérience. Des artisans et d’autres intervenants de la chaîne de valeur des plantes aromatiques et médicinales ont parlé du lancement de leur Cluster Wiki PAM organisé en réseau coopératif régional (groupes de développement, coopératives de services, indépendants, sociétés commerciales, acteurs de la chaîne de valeur). Le premier Cluster interrégional du bois d’olivier dans les gouvernorats de Sfax et de Sidi Bouzid s’est également illustré avec des produits de qualité et des méthodes qui permettent aux membres de répondre à toutes les commandes quelle qu’en soit la taille grâce à la mise en commun de leurs moyens.
Le dernier mot revient à Brahim Trabelsi, un artisan du bois d’olivier : « Je ne vois pas le bois d’olivier comme le verraient les autres ; j’ai une histoire avec chaque produit ; je sais que chacun a son propre cachet et aucun produit final ne ressemblera vraiment à un autre. Avec ACEA, nous avons créé un groupement et ensemble nous avons des capacités d’export internationales. Nous touchons les personnes qui ont un goût élevé des choses ; ce sont eux, leurs cœurs, que nous visons. »