En 2020, l’activité économique a été considérablement limitée en Afrique par une pandémie mondiale sans précédent se soldant par une contraction de 2,1%. Dans son rapport sur les perspectives économiques du continent, la Banque africaine de développement estime que l’année 2021 verra quant à elle l’économie croître de 3,4%. Cette reprise sera soutenue par une relance du tourisme, un rebond des prix des matières premières, et la levée des restrictions induites par la pandémie, affirment les analystes de la BAD. Cela dit, ces perspectives restent toutefois sujettes à une grande incertitude.
Bien que toutes les économies de l’Afrique aient été touchées par la pandémie, les économies dépendantes du tourisme, telles que la Tunisie, et celles exportatrices du pétrole et les autres économies à forte intensité en ressources ont été les plus durement touchées par la pandémie. Les économies dépendantes du tourisme devraient se remettre d’une baisse de 11,5% du PIB en 2020 pour atteindre une croissance de 6,2% en 2021, estime la BAD dans son rapport.
Les facteurs défavorables qui pourraient faire dérailler la reprise sont notamment une résurgence des cas de COVID-19, le surendettement, la volatilité des marchés financiers qui entrave les flux de capitaux, la faiblesse des prix des matières premières, la faiblesse du tourisme et des envois de fonds, les événements météorologiques extrêmes ainsi que les tensions sociales.
Les facteurs favorables qui pourraient entraîner une croissance meilleure que prévue sur le continent comprennent le déploiement efficace de traitements et vaccins contre la COVID-19, en particulier dans les pays africains, la mise en œuvre complète de l’Accord de libre-échange continental africain, et des progrès continus dans la transformation structurelle, avec notamment la digitalisation et les dispositions de télétravail.
Des politiques monétaires synchronisées … grâce à la pandémie
Avant la pandémie, les politiques monétaires variaient d’un pays à l’autre. Mais avec la propagation de la COVID-19, elles se sont synchronisées, en fournissant toutes des liquidités pour atténuer l’impact de la pandémie. Les banques centrales africaines ont pris diverses mesures de politiques pour assouplir les conditions monétaires. La plupart ont réduit les taux directeurs monétaires depuis janvier 2020.
Elles ont également injecté dans les systèmes bancaires des liquidités allant de 0,5% du PIB en Angola à environ 3,1% du PIB en Zambie. Les banques centrales ont également utilisé des outils monétaires non conventionnels et macro-prudentiels, tels que la suspension temporaire du remboursement des emprunts pour les entreprises et les ménages en difficulté. Elles ont assoupli les règles prudentielles, par exemple en diminuant les exigences de fonds propres imposées aux banques. D’autres actions incluent l’achat des titres d’État (Afrique du Sud) et le report de la transition vers les normes de Bâle III.
L’augmentation des déficits budgétaires due aux interventions liées à la COVID-19 devrait s’atténuer avec la reprise.
D’après les estimations de la Banque africaine, les déficits budgétaires ont presque doublé, passant de 4,6% du PIB en 2019 à 8,4% du PIB en 2020, en raison des lourdes dépenses de relance effectuées dans de nombreux pays pour atténuer l’impact économique de la pandémie. Ces mesures budgétaires comprennent un appui budgétaire « au-dessus de la ligne » à l’aide d’investissements dans les systèmes de santé, d’une expansion des programmes de protection sociale et d’un soutien au secteur privé, par exemple au moyen d’allégements fiscaux. Certains pays ont également appliqué des mesures « en dessous de la ligne », telles que des garanties accordées aux entreprises en difficulté. En moyenne, les mesures de relance budgétaire déployées par les pays représentent environ 3% du PIB avec de fortes variations entre les pays : près de 32% à Maurice, 10% en Afrique du Sud et moins de 1% en Tanzanie.
En plus des dépenses supplémentaires liées à la crise de la COVID-19, les déficits budgétaires de 2020 sont également dus au déficit de recettes des pays exportateurs de pétrole, au rétrécissement de l’assiette fiscale consécutif à la contraction économique, et à la diminution des importations et exportations. Les niveaux croissants d’endettement et l’alourdissement du service de la dette (plus de 20% des recettes fiscales dans de nombreux pays) ont réduit la marge de manœuvre budgétaire disponible dans la plupart des pays, accroissant ainsi les besoins de financement brut. La suspension temporaire du service de la dette accordée par les pays du G20 et les soutiens financiers d’urgence apportés par les institutions multilatérales ont toutefois aidé à atténuer les contraintes de financement.
De modestes mesures d’assainissement budgétaire devraient être mises en œuvre à mesure que l’activité économique reprenne en 2021.