Dans le cadre du Webinar organisé par Damya, premier réseau de femmes business angels en Tunisie, le Financial Services Volunteer Corps et RedStart Tunisie autour du thème : « Financements innovants au bénéfice des start-ups et des PMEs et cas du Revenu Capital en Tunisie », Wiem Adeljaoued, Investment Manager au profit des startups et PME en Afrique, nous fait partager son retour d’expérience concernant l’aide aux levées et à l’investissement pour les PMEs en Afrique. Elle met l’accent sur l’investissement d’impact, le revenu capital et le processus d’accompagnement des entreprises.
Wiem Adeljaoued a commencé par préciser qu’elle a exclusivement conduit des investissements dans des jeunes ou des petites entreprises déjà en activité depuis quelques années avec un potentiel de croissance, une opportunité d’expansion ou changement d’échelle mais considérées toutefois non-éligibles aux prêts bancaires. « Ce manque d’éligibilité concerne plus particulièrement les jeunes entreprises qui génèrent un petit CA, ne possèdent pas encore d’historique et n’ayant pas de garanties quant au projet à financer de type R&D ou marketing ». Et de poursuivre « Ça englobe aussi les entreprises familiales qui refusent d’ouvrir leur capital social à des investisseurs ou ne veulent pas faire face à un problème de valorisation d’entreprise pour des levées de fonds ». Wiem Adeljaoued a affirmé que dans ce cas-là, des financements de type revenu en capital constituent une excellente alternative ».
Pour comprendre mieux le potentiel en termes d’investissement d’impact en Afrique, Wiem Adeljaoued a évoqué le parcours d’accompagnement d’une société qui commercialise le beurre de karité.
Cette société achète la production d’amande de karité d’un groupe de fermier, le transforme en beurre de karité en utilisant de machines d’occasion et vend sa production sur le marché local. Profitant de l’augmentation de la demande sur le marché mondial de beurre de karité, et afin d’accroître son chiffre d’affaires qui stagne, l’entrepreneur, opte pour une industrialisation axée sur l’exportation.
Afin d’obtenir la certification Bio, condition sine qua non d’accès aux marchés internationaux, et en absence des garanties nécessaires, l’entrepreneur s’est rapproché en premier temps d’un business Angel, pour former et certifier les fermiers producteurs d’amande de karité, réaménager ses locaux et transformer son process pour assurer la traçabilité et le respect des standards des référentiels de certification biologique. L’entrepreneur a donc bénéficié de 50 mille dollars en contrepartie de 5% du CA versé mensuellement, jusqu’au remboursement de la somme de 100 000 dollars, soit le double du montant initialement emprunté.
« Dans le but d’accélérer encore plus la croissance de son CA et augmenter la cadence des ventes et des commandes, en investissant davantage dans la formation des fermiers, l’amélioration des outils de transformation, l’entrepreneur nous a contacté. » a précisé Wiem Adeljaoued.
Et d’ajouter que « en tant que fonds d’impact, nous lui avons proposé une structure assez similaire, toujours basée sur la participation en CA. Il s’agit d’un prêt de 500 000 dollars remboursable sur 6 ans avec une période de grâce, mais dont le taux d’intérêt est inférieur à ce qu’une banque aurait accordé ». « Ce financement revêt ainsi une forme hybride à mi-chemin entre un crédit bancaire et le private equity en rendement de capital ». Elle poursuit en affirmant que « Ce processus est basé sur un partenariat gagnant-gagnant entre l’entrepreneur et l’investisseur car les deux parties vont tout mettre en œuvre afin d’améliorer les ventes et le chiffre d’affaires sans se soucier d’éventuels problèmes tels que la valorisation d’entreprise » a-t-elle complété.
Ajoutant que « Ce type d’investissement est plus flexible que les crédits bancaires à taux fixe. Cette flexibilité permet de faire face à des contextes exceptionnels tels que la crise sanitaire du Covid-19 (chute du CA, baisse ou cessation d’activité, incapacité de remboursement) ».
« Cet investissement porteur d’impact vise à créer un impact social et environnemental » a-t-elle affirmé. Et de conclure « Certes, les producteurs de karité ont pu générer plus de revenus grâce au premium de vente sur le produit bio, mais cet investissement a pu contribuer aussi à la valorisation de la production écologique d’un onguent traditionnel de beauté « l’arbre de karité », via une exploitation entretenue en l’absence d’intrants inorganiques à savoir les pesticides et les engrais chimiques ».