Avec l’augmentation des prix de la farine (0,150 TND/kg) et de la semoule (0,090 TND/kg) de qualité supérieure emballée, les prix d’une longue série de produits devraient augmenter progressivement. Il s’agit de deux matières de première nécessité, largement utilisées aussi bien par les professionnels que par les ménages. Et même si on n’utilise pas la meilleure qualité de ces produits, plusieurs vont en profiter pour justifier une hausse des prix.
Quelques jours auparavant, le ministre du Transport a indiqué que le niveau de prix actuel des tickets de la TRANSTU ne couvre pas les charges d’exploitation de la société et sont à l’origine de son déséquilibre financier. Une augmentation de ces prix serait prochainement décrétée.
Ce sont les signes du retour de certaines tensions inflationnistes. Les produits alimentaires et les boissons non alcoolisées pèsent 26,2% dans l’indice des prix à la consommation alors que le transport représente 12,7%. Un mouvement simultané des deux va pousser l’indice à la hausse. Ce sont des produits non substituables et personne ne peut s’en passer.
À cela, s’ajoute les risques déjà existants sur l’inflation. La façon dont l’État a financé son déficit de fin d’année et la tendance haussière de l’Euro sont déjà une source naturelle de hausse des prix. Ce n’est pas relatif aux fondamentaux du dinar, mais plutôt à cause de la forte demande sur la monnaie unique après la Banque Centrale Européenne qui a prolongé son programme de rachat d’actifs lié à la pandémie pour soutenir l’économie européenne jusqu’à mars 2022. Elle a également augmenté son plafond de 500 milliards d’euros, pour le porter à 1 850 milliard. En revanche, il y a toujours des doutes sur les politiques économiques américaines. Les investisseurs sont en train de liquider leurs positions en dollar, un mouvement accentué par les chiffres des demandes hebdomadaires de prestations de chômage qui viennent de s’établir à 853 000, le niveau le plus élevé depuis mi-septembre. Le niveau des prix en Tunisie reste très sensible à l’Euro puisque nous importons essentiellement de l’Union Européenne.
Ce qui pourrait limiter la hausse de l’inflation, c’est l’impact de la crise économique sur la demande des autres produits. Si les revenus des ménages baissent, surtout pour les travailleurs du secteur privé, la consommation de certains groupes de produits risque de payer le prix, comme le loisir, la culture, la restauration, les articles de ménages ou d’habillement. Mais nous pensons que l’effet ne serait que partiel et que le trend haussier va finir par l’emporter. Il ne manque que ça pour compliquer davantage le paysage macroéconomique.