Avec la baisse de l’inflation sous-jacente à 5,9% et de l’indice des prix à la consommation à 4,9%, la question de la baisse des taux se pose de nouveau. Bien que la BCT ait réduit son Taux Directeur deux fois en 2020 en le ramenant à 6,25%, les requêtes d’un nouvel effort par le régulateur n’ont jamais cessé. L’accès aux financements bancaires n’est pas toujours facile, cela n’est pas dû à l’insuffisance de liquidité, mais plutôt à la suite de la hausse des risques de faillite. Et le marché semble croire à un tel mouvement puisque le Taux du Marché Monétaire est à 6,11%. Il converge plutôt lentement vers les 6%.
En réalité, ce mouvement est mécanique après la hausse de la masse monétaire. Ce taux n’est que la résultante de l’offre et de la demande de la monnaie, impactés par le financement direct du Budget de 2020 et les 2 800 MTND créés d’un seul coup par la BCT.
Il y a donc de quoi penser à un tel mouvement dans les mois à venir. Néanmoins, nous pensons que cela ne devrait pas intervenir au moins durant les trois prochains mois. L’impact de cette planche à billets sera observé dans les chiffres de l’inflation de janvier 2021, mois durant lequel les ménages tunisiens dépenseront un argent qui n’a pas été totalement créé par leur travail.
L’autre raison qui pourrait freiner de telles intentions est la tendance baissière du dinar. Depuis le dépôt des projets des Lois de Finances 2020 et 2021, le dinar a perdu 1,45% face à l’Euro. Cela s’explique aussi par l’état de grâce de la monnaie unique actuellement à des niveaux élevés vis-à-vis du dollar. Mais si les finances publiques continuent à se dégrader davantage, il n’est pas exclu que le dinar paie le prix des dérives budgétaires. Dans ce cas, la BCT pensera deux fois avant de faire baisser ses taux.
De plus, il est temps de comprendre que le taux d’intérêt n’est qu’un élément parmi d’autres dans la décision d’investissement. Si un projet est capable d’apporter un rendement de 30%, emprunter à 15% serait le bienvenu. Mais c’est quasiment impossible aujourd’hui avec les charges opérationnelles moyennes des entreprises et les niveaux de productivité. Gardons alors au moins ce qui reste de fondamentaux macroéconomiques.