Parmi les malheurs de ce pays, les fausses opinions que les réseaux sociaux, notamment Facebook, ont ancré dans l’esprit des tunisiens. Parmi ces idées « phares », les montants faramineux que l’État dégage de certaines taxes, comme les timbres fiscaux ou les taxes de circulation (vignettes). Les dettes qui sont en train d’être engagées ou le tour de vis que le citoyen est en train de sentir sont donc injustifiés.
Cette fois, nous avons de la matière pour évaluer l’exactitude de ces avis. La Loi de Finances Rectificative 2020 a fourni des détails intéressants. La recette des timbres fiscaux en 2020 serait de 498 MTND. La vignette apporterait, dans sa totalité, 286 MTND aux caisses de l’État. Les droits d’enregistrement draineraient 229 MTND alors que les revenus des pénalités et des redressements seraient 262 MTND.
Les recettes des entreprises publiques sont de 897 MTND. C’est un montant important alors que nous entendons jour et nuit les experts crier pour vendre ces entités. Ici, il faut bien tenir compte du fait que la BCT a versé à l’État un généreux dividende de 704,156 MTND, outre ce que d’autres entreprises publiques qui dégagent des bénéfices et qui sont capables de verser un revenu à l’État, comme l’ETAP ou la CDC à titre d’exemple. L’État a également un large actif, qui lui rapporte des royalties de 633 MTND et des loyers de 39 MTND.
Maintenant, combien représentent toutes ces ressources en totalité ? Le dérisoire montant de 2 844 MTND. L’équivalent d’au moins deux mois en net de couverture des salaires des fonctionnaires et inférieur à deux mois en brut.
Nous voyons donc que ces montants collectés restent insignifiants par rapport à ce que les autorités publiques engagent comme dépenses. Le problème est donc double : des charges largement supérieures aux moyens réels de l’État, et des taxes supportées par une minorité d’opérateurs économiques. La solution ne demande pas beaucoup d’intelligence : des taxes plus légères mais plus généralisées. La clé de la réussite serait dans l’effet volume, pas dans l’effet prix.
Au-delà de ce déséquilibre budgétaire, nous insistons qu’il n’y ait pas mieux que la transparence pour alimenter des débats structurés capables de combattre les convictions erronées. Le paradoxe est que de longues années sont nécessaires pour éliminer des têtes les conséquences d’un post irresponsable.