Le 13 novembre dernier, la Caisse nationale de la sécurité sociale a annoncé le lancement d’un nouveau service qui permet aux travailleurs indépendants de payer leur cotisation à travers leur téléphone mobile.
Maher Khelifi, jeune entrepreneur et fondateur du projet Ahmini, a accusé la CNSS d’avoir copié l’idée de son entreprise. Son projet, rappelons-le, consiste à permettre aux femmes travaillant dans le secteur agricole de se souscrire à la sécurité sociale à travers le téléphone et de payer leur cotisation par tranche en utilisant la recharge téléphonique.
La CNSS n’a pas été du même avis.
Contacté par nos soins, Taoufik Katrou, directeur central des affaires financières et de la comptabilité à la CNSS, a nié catégoriquement ces accusations. “Ce projet s’insère dans le cadre des efforts déployés par la Caisse, comme plusieurs autres organismes publics, à accélérer sa digitalisation et faciliter l’accès des citoyens à ces services”, a-t-il affirmé.
D’après Katrou, les services sont fondamentalement différents l’un de l’autre vu qu’ils ne visent pas la même cible.
D’abord, le service de la CNSS est destiné aux travailleurs indépendants déjà inscrits à la sécurité sociale, alors que celui d’Ahmini vise principalement les femmes actives dans le secteur agricole qui n’ont pas de couverture sociale.
Aussi, le projet proposé par Khelifi utilise la recharge téléphonique pour régler les frais de cotisation de ses clientes alors que la CNSS utilise les services MobiCash développés par les opérateurs et qui sont, eux, adossés à des comptes bancaires, explique le responsable à la Caisse de sécurité sociale. “Ahmini est destiné principalement à une clientèle non-bancarisée”, a-t-il ajouté.
En ce qui concerne le paiement par tranche de la cotisation, Taoufik Katrou a souligné que le principe ne date pas d’hier et qu’il a été mis en place suite à la parution d’un décret ― N° 916/2002 ― qui date de 2002.
La CNSS bloque-t-elle le lancement d’Ahmini ?
Si le service lancé ce mois-ci par la CNSS ne correspond pas à ce qui a été proposé par Maher Khelifi, pourquoi la caisse de sécurité sociale bloque-t-elle le lancement du projet ? “Ce n’est pas la CNSS qui entrave le lancement du projet”, a réfuté Katrou.
“En tant qu’organisme public, nous n’avons pas la possibilité de signer un contrat en gré-à-gré avec la startup”, a-t-il expliqué. “Pour surmonter cet obstacle, nous avons proposé de faire appel à un opérateur télécom étatique pour jouer le rôle de lien entre la CNSS et Ahmini”, a ajouté Katrou.
Le responsable a déclaré que Khelifi a signé un accord avec cet opérateur télécom qui devrait consacrer à l’entreprise un USSD code pour permettre aux femmes agricoles d’accéder au service. De son côté, la CNSS a signé une convention en accord avec l’opérateur pour que ce dernier se charge de la collecte des documents nécessaires des femmes clients d’Ahmini. “Nous n’avons pas signé un contrat avec la startup”, a insisté le responsable.
“Si le projet de M. Khelifi est bloqué, c’est parce qu’il n’a pas reçu jusqu’à ce jour le code qui lui permette de lancer son service”, a indiqué Katrou. Et de conclure: “Nous serons plus qu’heureux de voir le projet Ahmini fonctionnel”.