En pleine pandémie, la plateforme spécialisée dans le streaming des courtes vidéos Quibi a été lancée. Le business model était très simple : un abonnement mensuel de 8 USD de 5 USD si l’utilisateur accepte deux minutes de publicité par heure de diffusion. Quelques mois seulement après, la startup a annoncé sa faillite ! Pourtant, elle ne manquait pas de moyens et avait réussi à lever 1,75 milliard de dollars auprès d’investisseurs de premier rang, dont notamment Alibaba et des studios de production hollywoodiens.
Cette malheureuse fin n’est autre que le résultat d’une série d’erreurs majeures. La première résidait dans le timing. Proposer de courtes vidéos, de dix minutes en moyenne, à consommer essentiellement sur les smartphones par les utilisateurs des transports publics pendant une période de confinement n’avait aucun sens. Les entrepreneurs pensaient que même avec le télétravail, regarder un tel contenu serait une option alors que la réalité était totalement différente.
La seconde était la sous-estimation de la concurrence. Parmi les plateformes qui proposent des vidéos, il y a surtout YouTube qui offre un contenu de toutes durées imaginables et gratuitement. Cela sans oublier les autres poids lourds comme Netflix, Amazon Prime Video et Disney+. En même temps, il y a TikTok qui a conçu son modèle sur la génération de courtes vidéos par les utilisateurs eux-mêmes.
Les premiers signes de faillite sont apparus dès la première semaine, lorsque la plateforme est sortie du Top 50 des applications les plus téléchargées sur l’AppStore une semaine seulement après son lancement. Pour rectifier le tir, de nouveaux investissements ont été décidés : un mode hors ligne, la possibilité de partager ses activités et certains contenus sur les réseaux sociaux et même des pastilles d’actualité.
Ces efforts n’ont pas payé car d’autres fronts inattendus sont ouverts : une attaque en justice par Eko qui dénonce l’utilisation de son brevet permettant de passer du mode portrait au mode paysage sur smartphone. De plus, il s’est avéré que la startup a transmis les adresses e-mail de ses utilisateurs à des partenaires publicitaires sans les informer. La situation s’est tellement compliquée que la décision de fermer était inévitable.
Cette histoire peut servir d’un bon exemple pour tous les startuppeurs. Nous avons vu le nombre important de boîtes qui ont été lancées à tort et à travers ces derniers temps. La dynamique est bonne, mais est-ce que les business models ont été vraiment suffisamment étudiés ? L’encadrement des jeunes est un must pour que ces nouvelles entités puissent réussir et se transformer en PME.
L’autre leçon concerne la valorisation. Quel que soit le potentiel d’une idée, il faut toujours donner une prime aux risques. Il ne faut pas accélérer le processus. Prendre son temps pour grandir est une condition nécessaire, mais pas suffisante, pour la réussite à long terme.