La crise sanitaire a imposé le confinement. Une expérience qui impactera certainement l’organisation future du travail…durablement ? Kais Allani, Directeur Général de Faurecia Informatique, nous révèle les enjeux managériaux de la nouvelle forme hybride adoptée par Faurecia équilibrant occupation prudente des locaux et maintien du collectif.
Faurecia est une entreprise technologique et acteur majeur dans le secteur automobile. Pourriez-vous nous en dire plus sur votre domaine d’activité ?
Avec un chiffre d’affaires de 17 milliards d’euros en 2020, Faurecia se positionne en tant que leader technologique du secteur automobile spécialisé dans les sièges et les systèmes d’intérieur. Nous proposons une panoplie de produits à la pointe de la technologie à savoir les ordinateurs de bord digitaux et les tableaux de bord. Grâce à l’IA, Faurecia a réussi à se déployer à une grande échelle. Nous avons pu concevoir une gamme de systèmes avancés d’aide visant à rendre la conduite de plus en plus autonome. Dans le cadre de notre stratégie de promotion de la mobilité durable, nous avons développé des solutions innovantes, permettant une conversion plus efficace des émissions CO2 avec aussi un focus particulier sur le véhicule à hydrogène.
Quels ont été les impacts de la COVID-19 sur l’activité de Faurecia ?
L’effet a été mitigé. Nous avons subi le contrecoup de la baisse vertigineuse des ventes de voitures neuves. En effet, la crise sanitaire a mis à rude épreuve le marché automobile mondial avec une baisse spectaculaire de la demande et l’arrêt général de la production de véhicules. Faurecia s’est tournée vers les banques pour renforcer ses liquidités. Cela a permis de faire face aux besoins de trésorerie, mais aussi à tout scénario éventuel lié à cette crise sanitaire. Ce déblocage de fonds témoigne de la confiance des banques à notre solidité financière mais aussi en la situation de dette assez confortable de Faurecia. Fort heureusement, nous avons enregistré au début de l’été une légère reprise de l’activité, expliquée principalement par une certaine méfiance envers les transports en commun.
À la tête de Faurecia informatique Tunisie depuis 2019, comment arrivez-vous à gérer cette situation sanitaire exceptionnelle ?
Je suis aux commandes de la filiale tunisienne des systèmes d’information, le Global Information Systems (GIS) de Faurecia. Bénéficiant d’une allocation budgétaire avoisinant les 64 millions d’euros, ce département représente un acteur clé de l’actuelle transformation stratégique de l’entreprise. Au niveau de Faurecia informatique qui compte plus de 150 ingénieurs à Tunis, nous avons mis en place un protocole Covid-19 imposant des règles sanitaires rigoureuses. Depuis le début de la crise, et suite à l’instauration du confinement sanitaire total, le télétravail n’est plus considéré comme une option pour les entreprises. Le télétravail était donc la règle à suivre au sein de Faurecia informatique.
On comprend que pour vous, le télétravail représente une voie de recours contre cette crise …
Pour certaines entreprises, le télétravail est considéré comme une opportunité permettant de maintenir la productivité, tout en limitant les charges fixes liées essentiellement aux loyers des locaux et les coûts associés au personnel. Néanmoins, l’adoption du travail distancié ne devrait pas avoir pour seul motif la résolution du dilemme coût-productivité que je viens de décrire. En effet, l’absence physique sur le lieu de travail peut avoir un impact sur la culture de l’entreprise et ce en termes de perte des interactions, de partage des valeurs et d’esprit d’équipe. Le télétravail pourrait éventuellement ternir l’efficacité du leadership et avoir par conséquent, des répercussions négatives sur l’organisation du travail.
Quelle a été votre approche à Faurecia informatique ?
De notre part, nous avons opté pour le télétravail partiel qui représente non seulement une solution mais aussi une mesure de bien-être. En effet, même si le travail distancié offre une certaine flexibilité et souplesse pour les télétravailleurs, la perte d’équilibre présente un véritable enjeu auquel le leadership doit faire face. Depuis cet été, nous avons réduit notre effectif sur site à 50% et avons mis en place le télétravail par roulement. Néanmoins et suite à la dégradation de la situation sanitaire, la part des salariés en télétravail est passée à 66% puis à 75%, tout en maintenant la permutation des jours de travail à distance entre les collaborateurs. L’évolution de l’organisation actuelle dépendra du dispositif d’alerte sanitaire en Tunisie.
Comment le travail à distance est-il perçu par les collaborateurs de Faurecia informatique ?
La majorité des salariés pratiquant le travail à distance se disent satisfaits de cette modalité. Mais, pour autant, le travail distancié n’est pas du goût de tout le monde : notamment ceux qui sont en période d’intégration. Par leur absence « physique », ces collaborateurs pensent interagir beaucoup moins au cours des sessions de formation. Ainsi, ils jugent que le télétravail représente une contrainte quant à leur montée en compétences. C’est pour ces raisons que nous sommes en train de favoriser leur présence dans les locaux pendant leur premier mois d’intégration.