Forum annuel du Club des dirigeants de banques et établissements de crédit d‘Afrique
L’intégration demeure une problématique importante et vitale pour l’émergence du continent africain. Le Forum annuel du Club des dirigeants de banques et établissements de crédit d’Afrique, tenu les 25 et 26 juin 2018 à Tunis, a choisi comme thème à débattre cette année « Le rôle des banques africaines dans l’intégration du continent ».
Les experts présents lors des différents ateliers ont tous exprimé un avis commun, celui de la non-exploitation du fort potentiel de l’Afrique. Mais chacun d’entre eux a évalué, à sa manière, les avancements en matière d’intégration continentale.
Fadhel Abdelkefi, président du Groupe Integra Partners, ancien ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale et ancien ministre des Finances a dressé, à cette occasion, le bilan de l’intégration. En effet, bien que l’Afrique dispose d’une dizaine de groupements économiques et que les pays africains soient des pays complémentaires, le chemin demeure encore long. Si l’Afrique commerce avec l’Europe et avec l’Asie à hauteur respectivement de 70 et 60%, les pays de l’Afrique ne commercent entre eux qu’à hauteur de 18%. Les échanges commerciaux entre les pays maghrébins ne sont que de 4%.
Il a mis en relief, dans ce même sillage, l’écart qui existe entre l’Afrique du Nord et le reste du continent. « Le manque à gagner de l’Afrique du Nord est de l’ordre de 1,5 à 2% du PIB pour chacun des pays à cause de la non-intégration. », a-t-il regretté.
Cependant, d’autres indicateurs ont de quoi donner espoir.
La partie pleine du verre
« En termes d’intégration monétaire, l’Afrique est très avancée par rapport aux autres continents. L’intégration monétaire existe en Afrique depuis longtemps, avant même l’expérience européenne», a indiqué, Nabil Jedelane, professeur maghrébin d’économie.
Par ailleurs, l’intégration monétaire par région au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a avancé surtout après la dernière réunion, tenue février dernier. En effet, à l’issue de cette réunion, plusieurs signaux forts ont été envoyés au marché notamment la réduction des critères de convergence de 11 à 6 et la mise sur pied de la monnaie commune à la communauté sous-régionale.
Le responsable a signalé, également, par rapport à l’intégration régionale en Afrique, le rapport de libre-échange continental signé récemment.
Si tous les acteurs sont unanimes quant à la nécessité de cette intégration interafricaine, c’est d’abord parce qu’elle apporte plusieurs avantages.
Le pourquoi de l’intégration régionale ?
Il s’agit de rappeler les différents impacts de la non-intégration et notamment ses coûts . A cet égard, la question de taille du marché a été à maintes reprises évoquée. Ce qui empêche, théoriquement, une allocation efficace des ressources et la réalisation des économies de marché.
L’intermédiation financière réalisée à l’étranger a, aussi, fait l’objet des débats. A titre d’illustration, en période de sous-liquidité, les Africains ont placé 600 milliards $ dans des banques commerciales étrangères, faisant l’objet d’emprunt à d’autres agents africains. A noter que cela aurait coûté nettement moins, si ces transactions avaient été réalisées par un intermédiaire africain.
L’intégration continentale serait également efficace en matière de réduction des coûts de la crise. Illustrant ses propos, Nabil Jedelane a cité l’exemple de la crise asiatique de 1989.
Cependant, les banquiers et les entrepreneurs font face à plusieurs obstacles, entravant leur immersion dans les pays du continent.
Les défis à relever de l’intégration
A la clôture des travaux, Babacar Scene, professeur à l’Université Cheikh Anta Diop Dakar, a énuméré les défis à relever. Selon ses propos, ils ne concernent pas seulement les autorités publiques, mais aussi le secteur bancaire.
S’agissant de l’intégration monétaire, certaines zones de l’Afrique sont à un stade assez avancé, notamment la zone UEMOA, mais des efforts restent à déployer. Certains pays sont confrontés à des problèmes de change, tels que la Tunisie avec l’instabilité du dinar. L’un des défis à relever est d’aller vers des blocs monétaires.
Par rapport aux Banques centrales, des méthodes de notation interne plutôt que des notations externes pour leurs avantages en termes de coûts sont aussi recommandées.
Les banques composent un marché où la concurrence est rude et où la compétitivité doit être à son summum. L’intégration de Fintech dans l’activité bancaire est, de ce fait, primordiale.
Le défi de gestion des risques est devenu au cœur du métier bancaire. Plusieurs banques ont des départements risque-bancaire. Alain Le Noir est revenu sur la solidité des banques, notamment tunisiennes, pour permettre aux entrepreneurs de capter des marchés. Il faut que les banques aient la culture du travail collectif avec confiance.