L’année 2020 a certainement été une année difficile à plus d’un niveau. Cette crise a-t-elle cependant un côté “brillant” ? Bizarrement, la réponse est “oui”. La pandémie a accéléré la transformation digitale, a rendu plus mainstream le travail à distance et, pour plusieurs entreprises tunisiennes, a démontré l’importance de la mise en place d’un plan de continuité des activités ou PCA.
Mettre en place un PCA
Il s’agit de “mettre en place toute une procédure pour anticiper une situation de crise ou une catastrophe”, a indiqué Chiraz El Kissi, responsable communication au sein de Grant Thornton Tunisie. “Les objectifs principaux d’un PCA sont le maintien l’activité et la protection des salariés”, a-t-elle ajouté.
D’après Baya Zaghouani, Manager au département « Conseil Financier » de Grant Thornton Tunisie, la mise en place d’un PCA passe par 6 étapes clés:
- Désigner un responsable pour préparer et mettre en place le PCA;
- Mettre en place une cellule de crise composée des personnes clés dans l’entreprise notamment les associés, la direction RH et les représentants des départements;
- Identifier les activités essentielles à maintenir dans le but de minimiser les charges. Cette liste doit être mise à jour en fonction de l’évolution de la crise;
- Pour chaque activité essentielle, identifier les ressources essentielles pour la poursuite de l’activité. Ici, il faut toujours assurer l’efficience des choix;
- Choisir le mode d’organisation pour chaque activité essentielle et procéder à la restructuration du département afin de l’adapter aux besoins de l’entreprise de la crise;
- La dernière étape consiste à se préparer à la sortie de crise : les solutions, les plans d’action.
La nature systémique de cette crise pose de nouveaux challenges aux entreprises notamment pour assurer la liquidité nécessaire à leur survie. C’est pour cela que les expertes de Grant Thornton ont mis l’accent sur l’importance de “bien planifier leur trésorerie pour les deux à trois mois à venir”. Selon Baya Zaghouani, le but pour les entreprises est d’assurer le paiement des salaires et de leurs fournisseurs.
Avoir une idée claire sur les clients les plus touchés fait partie intégrante de cette planification. “L’activité de certaines entreprises, telles que les industries, a été arrêtée donc elle ne pourra pas payer”, a souligné Baya Zaghouani “Pour d’autres, notamment celles dans les secteurs moins touchés par la crise, on peut exiger le paiement à temps”, a-t-elle ajouté. Il est donc important, d’après Baya Zaghouani de faire une classification des clients par leur situation financière.

Les entreprises, explique Baya Zaghouani, doivent avoir une visibilité sur leurs sources de revenus dans les mois à venir, ainsi qu’une planification de leurs dépenses. “Les entreprises doivent aussi réduire leurs dépenses pour les mois à venir”, souligne Baya Zaghouani. L’experte recommande également aux firmes de négocier les délais de règlement avec leurs fournisseurs.
Covid, accélérateur de digitalisation
Après plusieurs années de discussions, les entreprises se sont enfin trouvées contraintes d’implémenter la digitalisation. Certaines entreprises, en revanche, étaient plus prêtes que d’autres.
“À Grant Thornton, nous avons l’avantage d’utiliser régulièrement les outils digitaux de collaboration, notamment lors des missions à l’étranger ou de nos collaborations avec les autres membres du réseau Grant Thornton”, a indiqué Chiraz El Kissi. Et d’ajouter : “Faire partie d’un groupe international nous a également permis de bénéficier d’une sécurité informatique renforcée grâce notamment à des standards informatiques et sécuritaires à respecter”.
Ceci n’était malheureusement pas le cas pour tous les clients de Grant Thornton : “Certaines des entreprises clientes n’avaient aucun document numérisé ce qui a parfois rendu impossible l’accomplissement de certaines missions”, a indiqué Baya Zaghouani.