« Les Managers ne comprennent pas, mais plutôt ne veulent pas admettre que leurs collaborateurs puissent avoir des problèmes liés à l’environnement au sein des entreprises », dixit Sami Ben Mansour, consultant et inspirateur digital RH.
Fort de ses années d’expérience dans le service des ressources humaines, cet expert en RH se confie sur les risques d’une mauvaise santé psychologique au travail, dans cette interview accordée exclusivement au magazine le Manager.
De par ses observations du terrain, le consultant souligne que la problématique des risques psychosociaux (RPS) en Tunisie est considérée jusqu’à aujourd’hui comme un sujet tabou imminent. Il considère que si les collaborateurs ne veulent pas montrer les défaillances au sein des systèmes hiérarchiques et encore moins témoigner du stress chronique c’est parce qu’ils ne veulent pas admettre qu’ils sont les vraies victimes d’un système défaillant.
L’inspirateur digital RH, Sami Ben Mansour, se réfère à la définition de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale qui affirme que les risques psychosociaux (RPS) sont la combinaison d’un grand nombre de variables, à l’intersection des dimensions individuelles, collectives et organisationnelles de l’activité professionnelle, d’où leur complexité et leur caractère souvent composite.
Ainsi, l’expert souligne que généralement, les employés préfèrent préserver l’image positive de l’entreprise sur le plan interne et externe au détriment de leur bien-être au travail.
Le consultant RH affirme que si le tabou persiste c’est parce que nous avons encore en Tunisie beaucoup de mal à changer la perception collective du problème indépendamment du rapport efficacité et productivité.
Il indique que parfois, les managers considèrent qu’un collaborateur doit toujours être en bonne forme physique et psychologique, non dans un souci de bienveillance et de réciprocité mais de peur de nuire à son image de marque.
Sami Ben Mansour affirme qu’il faut savoir tirer la sonnette d’alarme lorsque les RPS sont volontairement créés par les entreprises. Il cite comme exemple l’affaire de France Télécom, (devenue Orange en 2013) qui a compté 39 victimes dans sa phase de réorganisation, (dont dix-neuf salariés) se sont données la mort, douze ont tenté de se suicider et huit ont souffert de dépression ou été mis en arrêt de travail.
L’expert explique que ces pratiques existent également en Tunisie puisque les collaborateurs subissent la pression et choisissent ou bien de quitter le poste ou de continuer au détriment de leur équilibre physique et psychologique. Certains même vivent sous antidépresseurs.
D’ailleurs, le consultant appuie ses propos par les derniers chiffres publiés sur la question de l’enquête OMS, menée en 2005 qui révèle qu’un Tunisien sur deux souffre de troubles mentaux et que 37% des cas présentent des problèmes de dépression et d’anxiété. Et les travaux sur la question menée à l’échelle nationale à cette époque-là versait dans le même sens avec 30 à 50% des patients accueillis dans les centres spécialisés qui souffrent de troubles de la santé psychologique dont 28% de cas de dépression et 20% de cas d’anxiété et autres troubles psychosomatiques.
La solution 2.0 pour remédier aux RPS
Sami affirme, qu’aujourd’hui, il existe même des solutions digitales, comme «Moodwork» qui propose aux managers un espace qui les aident à prévenir les risques au sein de leurs équipes, et à agir pour leur bien-être.
Le consultant décrit la plateforme comme une approche à la fois préventive et curative. Ainsi, le collaborateur accède à l’interface web et remplit un questionnaire anonyme et digitalisé. Il doit répondre à des questions qui décrivent son état, son relationnel avec ses collègues, la communication interne, le management, la charge de travail, la pression, le stress, etc.
Une fois le questionnaire rempli, la DRH reçoit un rapport sur les risques et les points d’alerte qui lui sont liés. L’évaluation de la situation est directement accessible grâce au code couleur qui passe du vert à l’oranger et même au rouge en présence de situation urgente. Pour plus d’efficacité la plateforme, offre des solutions au sein du package et même un suivi psychologique en ligne où le collaborateur réunit son équipe virtuellement avec la présence d’un psychologue via le package des solutions.
Si en dépit de tous les efforts fournis, le suivi en ligne ne donne pas ses fruits, alors il faut se diriger vers la thérapie avec un psychologue du travail voire même un psychologue externe.
Pour plus de détails sur la question des RPS, la Rédaction vous conseille de lire le dossier du mois, “Santé mentale en entreprise, il est temps d’en parler”, dans le nouveau numéro papier du magazine le Manager, actuellement disponible dans les kiosques.