Au cours de cette décennie, l’économie culturelle et créative a été en expansion dans le monde. Elle constitue indéniablement un pilier pour le développement social ainsi qu’un moteur économique considérable. En effet, l’évolution constante de ce secteur a doublé entre 2002 et 2011. Dans les pays développés, les biens créatifs génèrent une croissance annuelle de 12,1%. L’économie créative représente alors 3% du PIB mondial et constitue de ce fait, une indéniable source de richesse.
Un marché autour de l’art et de la culture est en passe de structuration en Tunisie. Il est facile de constater la création de nombreuses entreprises qui ont pris le chemin de la créativité et la culture afin de produire, accéder à des marchés et générer des revenus.
Qu’est-ce qu’une structure d’appui ?
Les structures d’appui aux industries culturelles et créatives représentent une composante centrale de l’écosystème entrepreneurial et de la chaîne de valeur de l’économie créative. Elle leur offre un certain nombre de services et leur permet d’être en contact avec d’autres entrepreneurs. La proposition de valeur de ces acteurs varie d’une structure à une autre, à part la mise à disposition d’un espace de travail, ils offrent de l’accompagnement et de la formation, généraux ou ciblés en fonction du niveau de maturité des entreprises accompagnées. Certains de ces acteurs mettent en place des mécanismes de financement dans l’objectif de stimuler l’activité des entreprises accompagnées.
Des chiffres sur la croissance de ces acteurs dans le monde montrent l’intérêt porté envers ces structures et l’appétence des entreprises à évoluer et à développer leurs capacités et à s’internationaliser pour certaines d’entre elles. Ceci justifie une offre qui explose face à une demande en continue évolution. Nous notons 560 accélérateurs et incubateurs actifs dans le monde en 2009, contre 2 616 fin 2018 (une étude Roland Berger).
Émergence d’une nouvelle génération
Depuis quelques années, une nouvelle génération d’institutions d’appui est en train d’émerger en Tunisie avec différentes structures et différents business models. Certains sont hébergés dans des universités et d’autres par des structures privées. On note par exemple, “Flat6labs”, la compétition nationale Open Startup Tunisia.
Néanmoins, on remarque qu’il y a peu de structures spécialisées dans le champ de la culture et de la créativité. L’initiative “Minassa” est le premier incubateur culturel en Tunisie, lancé en 2019 par Inco Group. Un espace au cœur de la médina qui a pour but d’accompagner les projets de création d’entreprise culturels en leur apportant un appui en termes d’hébergement, de conseil, de financement et de réseautage. Ainsi, à travers cet appui de structuration, les entrepreneurs peuvent assurer la pérennité de leurs projets. En un an et demi, Minassa en est à sa troisième cohorte ce qui dénote la nécessité de l’existence de ces structures.
Enjeux et réels besoins du secteur
Une étude a été menée par la Fondation Rambourg en 2019, sur un échantillon de 202 structures créatives et culturelles en Tunisie, dans l’optique d’étudier leurs besoins réels. La totalité des répondants ressentent un besoin pour un appui et un développement de leurs structures et activités. Les résultats de cette étude expriment le besoin des répondants au niveau de 6 axes majeurs qui sont : l’appui à la création d’entreprise, l’élaboration de stratégies, l’appui opérationnel en management, marketing et comptabilité, l’appui au développement et à la croissance, le réseautage et l’insertion au marché et, enfin, le mentoring et la transmission de savoirs.
Ces résultats révèlent une certaine fragilité des industries créatives et culturelles en Tunisie. Une fragilité justifiée par un système de formation négligeant des métiers de l’art et de la culture, ainsi que de l’aspect managérial et économique. Par ailleurs, le manque de formation et de renforcement de capacités offerts aux acteurs du secteur les empêche de cultiver des entreprises pérennes à haute valeur ajoutée.
En réponse aux besoins empiriques du secteur créatif et culturel et dans une approche de consolidation et structuration de cet écosystème et de la chaîne de valeur de l’économie créative, la Fondation Rambourg lance un projet physique et numérique. Celui-ci permet un accès inclusif à l’ensemble des acteurs de l’économie créative du territoire. CORE est un programme dédié à l’accompagnement et au renforcement des différents acteurs de l’écosystème créatif et à la valorisation et le développement des métiers de la création et de la culture.
À travers son programme d’accompagnement qui repose sur les fondamentaux du conseil stratégique et une compréhension globale de l’environnement de chaque entreprise, CORE vise à renforcer des entreprises et des entrepreneurs dotés d’une capacité de résilience, formés et capables de développer leurs activités et leurs capacités de production, leurs marchés (et leurs accès aux marchés), leurs effectifs et la gestion de ceux-ci grâce à leur capacité à innover. Le CORE aura également pour objectif de favoriser l’innovation en renforçant le lien entre les différents maillons de la chaîne de valeur des économies créatives et culturelles ainsi que la recherche et technologie.
L’autonomisation de la prochaine génération d’entrepreneurs culturels et créatifs est une des priorités d’ordre général qui demande un effort collectif de consolidation et de renforcement par les différents acteurs, privés et publics, pour développer une économie pérenne de la culture et de la création.