L’adoption de la loi sur l’Économie Sociale et Solidaire redonne de l’espoir aux jeunes à la recherche de solutions d’intégration. La mise en place de cette loi passera par la création d’un arsenal de textes et de mécanismes juridiques qui vont lui permettre de fonctionner.
Dans ce cadre, il serait utile de rappeler que l’ESS n’est pas un secteur d’activité mais il s’agit plutôt d’une économie à part entière. Elle touche tous les secteurs (Finance, Agriculture, Art et culture, Industrie, Assurances, Médias, Artisanat…). Comme toute économie, l’ESS a besoin d’un ensemble de leviers adéquats et cohérents pour bien tourner. La monnaie sociale représente une composante centrale de ce système. Elle inclut les monnaies complémentaires, les monnaies locales, les monnaies communautaires. Ainsi que bien d’autres catégories qui varient selon les objectifs et les finalités de leur mise en place. Concrètement, ce sont des instruments et des unités d’échange créés par et pour les acteurs évoluant dans l’ESS (particuliers, associations, petits commerces locaux, acteurs de l’agriculture biologique, demandeurs d’emploi, bénéficiaires des aides sociales…). Elles peuvent être aussi matérielles que virtuelles.
Les monnaies complémentaires servent essentiellement à protéger les intérêts d’une communauté/espace, à promouvoir un domaine d’activité ou un produit local ou encore à encourager les individus à adopter un comportement citoyen.
L’origine de la monnaie sociale remonte au 20ème siècle grâce essentiellement aux travaux de l’économiste Silvio Gesell. Son application sous des formes modernes (depuis le fameux cas de la ville de Wörgl de 1932) a eu lieu au Canada suite au chômage massif qui a frappé l’île de Vancouver en 1983. Puis, elle a réapparu lors de la crise économique de l’Argentine dans les années 2000. Toutefois, il a fallu attendre la crise des subprimes de 2008 pour que la monnaie sociale connaisse un véritable regain d’intérêt.
Ce dispositif ne cesse de se développer. Aujourd’hui, plus de 5000 monnaies complémentaires sont en circulation dans le monde.
Par exemple, en France, et grâce à la loi de l’ESS de 2014, plus d’une trentaine de monnaies locales ont été émises.
Le Canada dont la monnaie sociale représente une partie intégrante de son économie en compte aujourd’hui plus de 30 SEL (Système d’échange Local) couvrant tous les aspects de la vie quotidienne (Transition énergétique, développement local, écologie, emploi des chômeurs, bénévolat…).
Les spécificités techniques et fonctionnelles de la monnaie sociale (adossée à la monnaie officielle, monnaie fondante (taux d’intérêt négatif) utilisée dans une zone géographique ou un réseau de commerces limité…) font d’elle une monnaie complémentaire et donc ne peut se substituer à la monnaie nationale. En outre, sa création se fait sous la surveillance des autorités publiques (très souvent les mairies ou les autorités régionales).
Concrètement, les individus acquièrent des bons d’achat en monnaie locale (1 DT = 1 unité de monnaie locale) pour les dépenser auprès des commerçants partenaires (adhérents au projet social). Les fonds collectés en dinar seront déposés en tant que garantie. Et ce, en vue de financer des projets locaux (pour embaucher les sans-emplois par exemple).
Les bienfaits de la monnaie sociale :
Promouvoir et protéger les petits commerces, l’artisanat et l’entrepreneuriat rural
L’émission d’une monnaie locale dans un espace ou dans une zone géographique servira à promouvoir les produits des artisans et commerçants locaux. Par exemple, elle permettrait aux femmes rurales de vendre leurs produits d’artisanat ou encore d’acheter auprès des petits entrepreneurs ruraux des produits agricoles et alimentaires.
Création d’emploi
La monnaie sociale joue aussi un rôle important dans la création de nouvelles opportunités d’emploi. Le cas de l’île de Vancouver au Canada en est une illustration. Suite à la fermeture de plusieurs usines industrielles locales en 1983, l’île a recouru à la monnaie sociale (LETS). Et ce, pour absorber le chômage local. Cette monnaie a servi à créer des projets et à dynamiser l’économie locale. Des systèmes similaires au LETS se sont développés en Grande-Bretagne, en Allemagne et aux États-Unis. Ces systèmes fonctionnent aujourd’hui à plein régime pour contrer le chômage et localiser l’emploi.
Financement des petites entreprises
Plusieurs expériences ont prouvé l’importance des monnaies locales dans le financement des petites entreprises. Dans le sud de la France par exemple (en Région PACA), des monnaies locales ont été créées pour être utilisées dans les transactions B to B et B to C. Le but était de consolider les finances des entreprises locales et renflouer leurs fonds de roulement.
Encourager le comportement citoyen
Dans plusieurs régions, la monnaie sociale est utilisée pour encourager les citoyens à s’engager dans des activités et actions. Et ce, pour l’intérêt de la communauté en échange d’une monnaie à utiliser auprès des réseaux des commerçants partenaires. Par exemple, les individus qui font preuve d’un comportement écologique (font le tri de leurs poubelles, consomment des produits recyclables…) seront rémunérés pour leur engagement. Les bénévoles et ceux qui s’engagent dans des actions au service et au bien-être collectif recevront des paiements en monnaie complémentaire à dépenser localement.
La distribution des aides sociales peut aussi se faire grâce à la monnaie locale, comme c’est le cas avec la monnaie “Sol Violette ” à Toulouse (France).
La monnaie sociale favorise ainsi l’émergence et le développement d’une économie circulaire. Une consommation responsable qui finance des projets durables qui à leur tour créent de l’emploi et améliorent le bien-être social.