« Sauver le secteur est certes entre les mains des entreprises tunisiennes qui doivent comprendre que les priorités de leurs donneurs d’ordre ont changé et penser à accélérer le processus de digitalisation de leurs firmes pour répondre à la demande mais l’État a également un rôle à ne pas négliger ! », a expliqué Mounir Ghazali, Associé chez Ernst & Young Consulting. Et d’ajouter que « Avec près de 500 acteurs sur toute la chaîne de valeur de l’automobile, la Tunisie a tous les atouts pour attirer les investisseurs dans ce secteur. Outre la proximité avec l’Europe, notre pays bénéficie également d’une main d’œuvre aux moindres coûts et d’un know-how très sollicité pour son haut niveau. Il suffit ainsi que les entreprises tunisiennes essaient de développer leur modèle économique pour le monde post-COVID et accepter qu’il y ait une part de mortalité qui va les accompagner ».
Des aides exceptionnelles sont à prévoir
Avec une industrie manufacturière représentant près de 18% du PIB national, un taux d’activité qui ne dépasse pas les 70% et un risque de perte d’entre 6 500 et 12 000 emplois dans le secteur automobile tunisien, les entreprises concernées semblent avoir, plus que jamais, besoin du soutien de l’État. C’est ce qu’a fortement défendu Ghazali qui pense que « les entreprises tunisiennes qui vont faire face à une baisse de 20 à 50% de leurs carnets de commande auront besoin d’aides exceptionnelles et les 200 dinars accordés pour chaque employeur ne sont pas suffisants aux entreprises pour protéger leur cash-flow et éviter les licenciements économiques ».
Saisir les opportunités
Sur la même longueur d’ondes, Nabhane Bouchaâla, Président de la Tunisian Automotive Association (TAA), pense que les entreprises qui se sont toujours bien positionnées sur le secteur de la fabrication de câbles, de connecteurs, de pièces mécatroniques, de commutateurs, des airbags ne sont pas en bonne passe.
Nabhane Bouchaâla, Président de la Tunisian Automotive Association (TAA), a, à cet effet, rappelé que « la Tunisie bénéficie d’un tissu intéressant dans l’industrie automobile et des potentialités notables dans le secteur par rapport aux donneurs d’ordre. Avec une batterie de mesures exceptionnelles, telle que l’exonération des charges sociales, l’État pourrait venir en aide aux entreprises concernées qui puissent ainsi éviter jusqu’à 35% de licenciements ».
Le président de la TAA a, dans le même sens, retenu que l’État pourrait également aider ces entreprises œuvrant dans le secteur de l’automobile en débloquant les primes de mise à niveau, des subventions d’aide aux projets à intérêt national et des lignes de crédits octroyés par l’Union Européenne, mettant en place un plan stratégique, incitant aux réinvestissements qui ne dépassent pas aujourd’hui les 3 millions de dinars, très loin de la moyenne qu’est à 7 millions d’euros…