Sillonnant l’Afrique, les Etats-Unis et l’Europe pour parfaire son expérience de juriste, Angelle Kwemo est désormais un nom qui se confond avec succès et grandeur. Jonglant entre sa carrière de chef d’entreprise et de militante pour le renforcement des femmes à travers le continent, cette Camerounaise devenue une leader africano-américaine a pour ambition de créer des ponts entre les Etats-Unis et l’Afrique et elle a réussi ! Nous l’avons rencontrée lors de la conférence de Thinkers & Doers, sous le thème “Entreprises et entrepreneurs citoyens”, organisée à Essaouira, début juillet, réunissant les états généraux des entreprises et des entrepreneurs citoyens, et placée sous le haut patronage du Roi Mohammed VI et du président de la République française, Emmanuel Macron. Portrait d’une femme d’exception.
Angelle Kwemo est le modèle type de celle qui allie en parfaite synergie une carrière de chef d’entreprise et d’activiste citoyenne. Son crédo est de faire briller l’Afrique à travers le monde, et notamment aux Etats-Unis. Véritable stratège, guidée par une vision et des convictions profondes, cette native de Douala voit haut et grand. Elle débute ses premiers pas dans sa ville natale en tant que directrice du contentieux maritime dans un grand groupe français implanté au Cameroun. Mais ses ambitions sont plus grandes. Elle poursuit ses études en France, puis aux Etats-Unis, où elle obtient son master en droit des affaires internationales, à la Washington College of Law de l’American University à Washington D.C.
Elle réussit ensuite à pénétrer les murailles du Congrès américain et y consacre 12 ans comme conseillère au sein de l’unité énergie et commerce et comme conseillère en commerce international et politique étrangère auprès de Bobby L. Rush, représentant du premier district de l’Illinois à la Chambre des représentants des États-Unis, couronnant ainsi son succès avec brio, en s’introduisant dans les plus hauts sommets de la politique américaine.
Armée d’une expérience dans les plus hautes sphères, elle a quitté le Congrès il y a près de 4 ans, pour créer son cabinet de conseil : A-strategiK Group, où elle continue d’oeuvrer pour sa vocation première: le rapprochement entre l’Afrique et la première puissance mondiale, à travers le conseil stratégique pour les gouvernements africains et les entreprises des deux côtés de la rive Atlantique.
En 2014, elle lance “believe in africa”, une organisation leader pour la diaspora, durant le sommet Etats-unis-Afrique. Angelle Kwemo est une fervente défenseuse du secteur privé et d’un capitalisme sans frontières. Basée aux Etats-Unis, “believe in Africa” fait la promotion du rôle du secteur privé africain, partant de la croyance qu’aujourd’hui, le développement économique passe indubitablement par le développement du secteur privé. Mais la vision de l’ONG est plus vaste. Une des branches de l’organisation est d’ores et déjà implantée en France, avec un focus sur l’industrie créative, sous le nom: “Be Live 4 Africa”. “Il s’agit d’un outil diplomatique pour promouvoir la paix et l’image du continent africain à travers des “forums festifs”, où l’on réunit depuis près de deux ans, les acteurs du divertissement pour, d’une part, révéler le côté stratégique de l’industrie du divertissement et d’autre part, faire la promotion des artistes” nous témoigne Angelle Kwemo.
Sa casquette de militante continue d’occuper une grande partie de sa carrière. Il y a près de 2 ans, elle a lancé une initiative pour les femmes agricultrices africaines, à partir du Maroc, baptisée: African Women in Agriculture (AWA), dont elle est actuellement la présidente. C’était d’ailleurs la raison de sa présence à la Conférence d’Essaouira. AWA est un réseau de femmes qui veulent s’engager dans le soutien des femmes en milieu rural, en les accompagnant dans leur transition d’une agriculture et économie de subsistance vers l’agroalimentaire.
Au mois de mai, elle lance alors une plateforme électronique pour regrouper les réseaux de femmes organisées en coopérative et organisation patronale afin de créer des synergies, en partageant leur savoir, et faire bénéficier leur base d’adhérents d’un accompagnement sur plusieurs fronts: l’information, la formation et l’éducation, le plaidoyer, et la facilitation pour l’accès aux financements et aux marchés. “Nous avons des femmes dans 14 pays africains, actuellement 200 femmes font partie de la plateforme et notre objectif est d’atteindre 1 million de femmes d’ici 10 ans.” témoigne-t-elle avec assurance.
Nous étions alors curieux de savoir pourquoi fait-elle le choix du Maroc. Sans secrets, elle nous révèle avoir été séduite par la dynamique de l’écosystème. “J’ai visité le Maroc il y a quelques années et j’ai été séduite par leur politique et programmes de promotion des produits du terroir, ainsi que l’accompagnement fait aux femmes dans le domaine de la transformation des produits de terroir , à ce niveau, le Maroc s’est nettement distingué, et c’est cette expérience que j’ai voulu transposer sur le continent” nous déclare-t-elle.
Aller vers un nouveau contrat social, dépasser le cadre des CSR et s’orienter vers des investissements inclusifs, assurer l’emploi et le bien-être des citoyens, telle est sa vision de l’entrepreneuriat social. “S’approprier le destin du continent” a toujours constitué le leitmotiv de ce modèle de femme leader.