Avant le coup d’envoi de la saison de la publication des résultats annuels, il n’est pas difficile de dresser un tableau. La croissance des bénéfices serait limitée. La progression des revenus serait gommée par la flambée des charges opérationnelles et financières. Les dividendes servis seraient également stables par rapport à 2019.
Mais jusqu’à quand nos entreprises resteraient prisonnières à ce modèle de rémunération des actionnaires ? Après les récentes publications de la BCT, les chances de voir le Taux Directeur revu significativement à la baisse sont devenues minimes pour la première moitié de 2020, et la croissance sera de nouveau bloquée.
Les Assemblées Générales sont une opportunité pour proposer une nouvelle approche. Au lieu de distribuer un dividende en numéraire, les entreprises peuvent proposer l’attribution d’actions gratuites. Ainsi, les bénéfices viendraient renforcer les fonds propres des sociétés qui pourraient réduire l’utilisation de ressources onéreuses et améliorer leur profitabilité.
Une petite démonstration chiffrée peut mieux clarifier les choses. En 2019, les sociétés de la cote ont distribué 821,242 millions de dinars à leurs actionnaires. En attendant la confirmation des données par les bilans annuels, nous pouvons confirmer que ce montant dépasse la somme des investissements et du nouvel endettement de l’ensemble des sociétés cotées. Pourquoi donc priver les sociétés de ces moyens ? C’est même au profit des investisseurs qui peuvent donner ainsi de la marge aux entreprises pour aller chercher de la croissance, ce qui va se traduire par une appréciation des cours à moyen et long termes. Cela sans oublier que ces distributions sont exonérées de l’impôt contrairement aux dividendes en cash soumis à une retenue à la source de 10%.
Le principal handicap pour cette politique reste la structure de l’actionnariat de la plupart des sociétés de la cote, dominée par les investisseurs individuels. Si un institutionnel peut accepter l’idée dans l’espoir de réaliser une plus-value conséquente à l’occasion de sa sortie, les personnes physiques préfèrent souvent toucher rapidement un retour sur investissement. A notre avis, l’élément déterminant reste la crédibilité du management vis-à-vis de son tour de table et ses performances antérieures. En Bourse, les gens n’ont pas la mémoire courte.