“Restaurer la confiance du peuple”, “Miser sur la compétence”, “Assez des tiraillements politiques”… Voilà ce qu’on peut retenir, en somme, du premier discours d’Elyes Fakhfakh en tant que Chef du gouvernement désigné. La stabilité du pays sera au cœur de son action, et ce à travers le renforcement de l’harmonie entre les deux têtes de l’Exécutif. “Mon objectif est d’élargir le soutien politique au profit du prochain gouvernement dans l’objectif d’obtenir la confiance de l’ARP et de respecter la volonté du peuple tunisien”, a-t-il déclaré.
Parité : “Nous ferons de notre mieux, mais je ne peux rien promettre”
Sur le plan politique, Elyes Fakhfakh a clairement signifié que Qalb Tounes sera dans l’opposition. On s’en doutait, étant donné que le parti de Nabil Karoui a été absent lors des dernières concertations. “Il ne s’agit pas d’une exclusion. Nous sommes dans une démocratie, qui suppose l’existence d’une opposition. J’ai choisi la base sur laquelle je veux construire la coalition, elle-même basée sur la volonté du peuple. Plus question d’établir des consensus. Le gouvernement doit assumer ses responsabilités et il en va de même pour l’opposition”, a-t-il expliqué.
Réagissant à l’une des questions du Manager, le Chef du gouvernement désigné est revenu sur la parité dans son équipe. “Nous ferons de notre mieux pour la garantir, mais je ne peux rien promettre. N’oublions pas que notre pays regorge de compétences féminines”, a-t-il déclaré. D’un autre côté, il a rappelé que l’effectif du gouvernement sera restreint. “Nous ne dépasserons pas 25 portefeuilles ministériels”, a-t-il dit.
La lutte contre la corruption sera aussi au coeur de l’action gouvernementale selon Elyes Fakhfakh. “Il faut s’y mettre sérieusement et mettre tous les moyens nécessaires à profit pour y arriver, que ce soit au niveau matériel, judiciaire ou autre”, a-t-il affirmé.
“Il faut s’endetter pour investir”
Sur le plan économique, le Chef du gouvernement désigné a affirmé qu’il était impossible d’aborder, en profondeur, son programme, étant donné que celui-ci va être élaboré avec les partis politiques durant les concertations. Cependant, il n’a pas manqué d’en donner les grandes lignes. L’objectif, pour Elyes Fakhfakh, est de redonner espoir aux jeunes et de rétablir la confiance des investisseurs. “Nous engagerons 4 à 6 réformes majeures, pour les mener en profondeur. Nous travaillerons, notamment, sur l’éducation et la santé”, a-t-il assuré.
Dans ce même contexte, afin de parvenir à changer le rythme de croissance et de stimuler l’économie tunisienne, il préconise l’enrichissement des ressources de l’Etat. “Cet après-midi, je rencontrerai le ministre des Finances et le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie pour étudier la situation”, a-t-il précisé, ajoutant qu’il est l’heure d’engager des réformes profondes et non superficielles.
La dette publique est un autre élément sur lequel son gouvernement va travailler. Pour Elyes Fakhfakh, l’endettement de la Tunisie est pesant. Néanmoins, il faut faire la différence entre la bonne et la mauvaise dette. “La bonne dette est celle que nous orientons vers les investisseurs afin de créer de la richesse. C’est cela notre objectif. Assez de l’endettement pour la consommation”, a-t-il assuré. Les réformes, poursuit-il, seront entamées pour garantir le bien-être du peuple et des couches sociales marginalisées.
De bonnes intentions, certes, et après ?
Tout au long de son discours, Elyes Fakhfakh a affiché sa ferme volonté de mener à bien les projets qu’il a en tête et qu’il compte exposer devant les partis et devant l’ARP. Il a appelé, entre autres, à des débats constructifs : “L’heure n’est plus aux tiraillements politiques pour savoir qui va occuper tel poste. Il faut discuter des programmes et des choix”, a-t-il martelé. Il faudra suivre, désormais, le déroulement des concertations avec les partis politiques et étudier de plus près le programme qui sera élaboré. C’est à ce moment que l’on pourra se faire une idée plus précise. Il s’agit, pour résumer, d’une série de déclarations de bonnes intentions – comme on en a vu à plusieurs reprises dans le passé -. Reste à savoir si Elyes Fakhfakh va pouvoir rassembler les politiques autour de lui, convaincre l’ARP et tenir ses promesses.
Fakhri Khlissa