Lors de la première conférence d’Econ4Tunisia, un Livre Bleu a été élaboré comprenant 70 propositions formulées par des experts en économie. Le précieux document a été soumis aux partis vainqueurs des dernières élections législatives de 2019.
La société civile doit agir face aux inégalités
C’est d’ailleurs ce qu’a souligné Hakim Ben Hammouda, expert et l’un des fondateurs d’Econ4Tunisia, dans une déclaration au Manager. Il considère qu’il serait totalement inutile de chercher des solutions à la crise sociale et économique sans l’appui des forces politiques du pays. L’instabilité politique actuelle impacte, par conséquent, ce processus de résolution de la crise sociale et économique. C’est l’exemple du retard pris par les décideurs pour la formation du gouvernement. Impossible, dans ce contexte, pour les investisseurs de dresser une stratégie à moyen et long terme compte tenu de l’instabilité politique selon Hakim Ben Hammouda.
Pour sa part, Messaoud Romdhane, ancien président du Forum Tunisien des Droits Economiques et Sociaux (FTDES), considère que la société civile détient un rôle primordial pour la résolution de la crise sociale. Elle doit être force de propositions et elle ne doit pas se contenter, de ce fait, de son rôle classique consistant à faire pression sur les décideurs. “Pour sauver le pays, la société civile doit travailler avec les partis politiques. Les médias ont, eux aussi, un rôle à jouer étant donné qu’ils expliquent l’action de la société civile au grand public”, a-t-il précisé.
Lors de cette seconde édition de Econ4Tunisia Conferences, les experts présents se sont surtout penchés sur les inégalités qui sévissent la société tunisienne et qui se sont aggravées. “Les inégalités ne concernent pas uniquement les revenus, mais également le développement humain, l’accès à l’éducation, au marché du travail, à la santé, et bien d’autres !”, a déclaré Asma Bouraoui Khouja, rapporteur de la conférence.
Une réforme fiscale pour une redistribution plus équitable des richesses
Le professeur universitaire Elyes Jouini considère, pour sa part, qu’il existe des inégalités au niveau du bagage social et culturel. Le système politique, dans ce contexte, doit reposer sur un contrat social efficace. Or, si ce dernier présente des déséquilibres, le système politique risque d’être rejeté. Aujourd’hui, poursuit-il, les inégalités se sont aggravées et c’est notamment en raison du système éducatif qui ne remplit plus son rôle d’ascenseur social.
Plus encore, le professeur universitaire estime que la dégradation des services publics ne fait qu’accroître le sentiment d’inégalité entre les citoyens. Les mécanismes déjà en place, à l’instar des subventions, ont atteint leurs limites. “20% des pauvres ne reçoivent que 16% des compensations ! Il est urgent d’apporter des réponses immédiates à ces inégalités”, a-t-il dit.
Que faut-il faire dans ce cas ? Pour Elyes Jouini, il faut commencer par mettre en place une réforme de la fiscalité. “Il faut comprendre que la fiscalité constitue, surtout, un outil de redistribution”, a-t-il précisé. Le professeur universitaire estime qu’il faut réfléchir à une fiscalité des successions et, surtout, du patrimoine. En effet, en Tunisie, la croissance du patrimoine est supérieure à celle du PIB, d’où la nécessité de réfléchir à une taxation du patrimoine, mais tout en évitant les politiques confiscatoires. D’un autre côté, Elyes Jouini appelle à mobiliser les moyens nécessaires afin de financer les réformes.
Soulignons qu’Econ4Tunisia a essentiellement porté sur la crise sociale qui secoue notre pays, chose que nous verrons dans d’autres articles. Restez connecté(e)s !