En matière de risque, le comportement des investisseurs ne diffère plus de celui des touristes. La montée des contestations un peu partout dans le monde font de certaines destinations, moins attractives pour les capitaux. C’est le cas de toute la région du Maghreb qui n’est plus vue du même œil même par nos partenaires historiques. En Tunisie, nous avons le bonus du flou politique qui règne depuis des mois, sans pour autant oublier l’historique des dernières années en matière de climat social.
Le dernier grand groupe international qui semble reconsidérer la destination Maghreb, y compris la Tunisie, est Safran. Pour rappel, le géant français a massivement investi en 2018 avec la mise en place de deux nouvelles activités : fabrication de compartiments à bagage pour l’A330neo à Grombalia et des coques de siège en composite à Soliman. En 2018, ces trois sociétés ont réalisé un chiffre d’affaires de 182 millions d’euros. Les trois sites, qui emploient près de 3 000 personnes, ont reçu en janvier 2019 la certification « Best places to work » décernée par l’institut « Best Companies Group », montrant le degré de sérieux de cet investisseur et son engagement envers le pays.
Mais vu l’instabilité actuelle, le groupe a préféré s’orienter vers l’Asie pour ses projets futurs, au lieu de capitaliser sur sa présence dans la région qui perd ainsi quelques 150 millions d’euros d’investissement. C’est une attitude logique du moment que le bon sens pousse vers la diversification des sites de production. Pour nous, c’est une perte de centaines de postes d’emplois potentiels directs et indirects.
La vraie diplomatie économique ne signifie pas partir chercher du côté de la Chine et des pays asiatiques comme les politiciens l’ont présenté. Il ne s’agit que d’un volet, l’équivalent de la R&D dans une entreprise. L’essentiel c’est de consolider nos relations avec nos partenaires historiques, de suivre à la loupe leurs projets d’extension, de les contacter et de les convaincre de venir investir ici. C’est aussi préparer l’infrastructure et la logistique que les grands groupes ont besoin pour s’installer dans un pays.
A ce rythme, nous allons vraiment broyer du noir, encore pour de longues années.