Alors que les réseaux sociaux donnent l’impression que la Tunisie est une nation startup, la vérité est malheureusement différente. Les idées sont là, mais où est la concrétisation ? Quel est le nombre d’entités qui affichent un rythme de croissance très élevé et qui ont pu clôturer deux ou trois levées de fonds ? Où sont les startups qui projettent l’ouverture de leur capital en Bourse ?
La responsabilité est partagée entre les entrepreneurs et le régulateur qui interdit encore le minimum syndical en matière d’internationalisation des startups, comme les plateformes internationales de paiement en ligne. Une troisième partie a également sa part de culpabilité : les institutions financières qui fonctionnent toujours avec le même modèle économique depuis leur création. Les Fintechs qui font bouger la planète n’ont pas encore trouvé de vrais partenaires ici.
Aujourd’hui, nous avons une chance qui se présente devant nous. Les capital risqueurs chinois, qui ne sont plus les bienvenus aux Etats-Unis, se sont tournés vers le continent africain à la recherche d’opportunités d’investissement. En 2019, l’enveloppe investie dans le pays de l’oncle Sam a été réduite à 4 milliards de dollars contre 9 milliards deux ans auparavant. Premiers bénéficiaires : les startups. Au début de ce mois, les fonds chinois Hillhouse Capital Group et Crystal Stream viennent de clôturer l’augmentation de capital lancée par Lori Systems, plateforme de tracking de véhicules africains basée au Kenya.
Selon le classement publié par Partech Africa, ce pays est la première nation en matière de levées de fonds par les startups avec 348 millions de dollars collectés. Elle devance le Nigeria (346 millions) et l’Afrique du Sud (250 millions). La Tunisie est classée à la douzième place avec seulement 6 millions. Un bilan que nous ne pouvons qualifier que de maigre. Les startups du continent ont pu mobiliser 1,2 milliard de dollars l’année dernière, dont la moitié orientée vers les Fintechs, le business peu encouragé ici.
Autre élément important : la taille moyenne d’un deal. Au Kenya, il est de 7,9 millions de dollars, l’équivalent d’une introduction en Bourse à Tunis ! Pour l’ensemble du continent, la taille est de 8 millions, plus élevée que nos 6 millions. La question de la taille est liée à celle du marché potentiel. D’où l’importance de lever tout type de restrictions sur la libre circulation des fonds avec l’étranger. C’est capital pour l’avenir de ce pays.
Bassem Ennaifar