La saison oléicole s’annonce prometteuse pour la Tunisie avec l’attente d’une récolte de 350 000 tonnes d’huile. Mais cela n’empêche qu’il y a quelques challenges qu’il faut résoudre.
Dans ce cadre, le gouvernement vient de décider, ce samedi, des mesures exceptionnelles au profit du secteur. Une augmentation de la subvention accordée au transport de l’huile d’olive destinée à l’export à hauteur de 50% pour le transport maritime (en vrac ou conditionnée et hors destinations italienne et espagnole) et 70% pour le transport aérien pour l’huile conditionnée (toutes destinations confondues). Les exportateurs d’huiles conditionnées dans des boîtes dont la capacité ne dépasse pas 3 litres vont bénéficier de nouveau des primes de promotion de l’exportation et ce, dans la limite de 4 millions de dinars.
La distribution locale a été également encouragée à travers la commercialisation de 500 tonnes d’huiles d’olives conditionnées dans des boîtes de 5 litres et vendues à des prix préférentiels.
Pour ce qui est du financement du secteur, le gouvernement a ouvert la porte au rééchelonnement de la dette et en déduisant les intérêts de retard en contrepartie d’un traitement fiscal allégé pour les banques intervenantes.
Ces décisions sont venues répondre à deux principales difficultés. D’abord la disponibilité des huileries. La nouvelle campagne a commencé avec un stock report de 10 000 tonnes selon les chiffres officiels. D’où l’idée de stimulation de la demande interne par les mesures que nous venons d’énumérer. Selon une étude préparée en 2015 par la BERD en 2015, la Tunisie est le seul pays de la rive Sud de la Méditerranée qui a vu sa consommation domestique d’huile d’olive baisser.
Il y aussi la bonne récolte mondiale. La production globale devrait atteindre 3,67 millions de tonnes contre 3,13 millions en 2018-19. L’Espagne devrait produire 1.35 million de tonnes d’huile d’olives (1.77 million de tonnes en 2018), contre 270 mille tonnes pour l’Italie et 300 mille tonnes pour la Grèce. La bataille sera donc rude sur les marchés. Nous allons encore bénéficier du quota accordé par l’Union européenne, mais nous devons aller chercher des parts de marché ailleurs, ce qui n’est pas facilité par le coût de production élevé et la taxation américaine sur l’huile d’olive espagnole conditionnée. Le coup de pouce étatique au niveau des exportations est une bonne nouvelle.
Mais il reste quelques difficultés opérationnelles. La première concerne la main-d’œuvre qui se fait de plus en plus rare. Le coût de l’employé dépasse de loin le SMAG et représente la composante la plus importante dans le coût de production. D’ailleurs, et selon les chiffres du Conseil oléicole international, le coût de production en Tunisie est de 3,43€/kg, alors qu’il est de 2,12€ en Espagne et 2,68€ en Grèce.
La seconde est relative au recul de l’acquisition à découvert de la récolte (khdhara). Cela a laissé plusieurs agriculteurs devant une situation inédite, les obligeant à lancer leur propre campagne et accepter des prix de vente d’olives dérisoires par rapport aux attentes.