« Avec l’IA, nous pouvons optimiser nos solutions énergétiques et créer de la richesse pour la Tunisie », a affirmé Nizar Yaiche, ancien ministre des finances, lors de son keynote au Forum méditerranéen de l’IA tenu à Tunis. Selon lui, le pays dispose d’atouts uniques pour combiner talents locaux, intelligence artificielle et énergie propre afin de renforcer sa souveraineté et stimuler l’innovation.
Yaiche a détaillé plusieurs tendances majeures qui redéfinissent l’écosystème technologique. Il a évoqué la réduction spectaculaire du temps de réponse des IA, désormais mesurable en dizaines de millisecondes, et le développement de petits modèles capables de fonctionner sur des périphériques embarqués ou des robots, sans nécessiter de GPU coûteux. « Leur coût pourrait tomber autour de 2 à 3 000 dollars, et la tendance est claire », a-t-il précisé. Il a également mentionné l’apparition de centres massifs de calcul, allant jusqu’à plusieurs gigawatts, tout en soulignant l’importance de solutions pour réduire la consommation énergétique.
L’orateur a mis en garde contre les risques liés à l’IA. Selon lui, les gouvernements sont exposés à une perte de souveraineté si les données sont traitées à l’étranger, et l’opinion publique peut être manipulée via l’IA. Les administrations publiques risquent des décisions biaisées en raison de la qualité insuffisante des données, tandis que les entreprises dépendent de prestataires extérieurs pouvant avoir d’autres agendas. « Plus on dépend de l’IA, plus ces risques peuvent être graves », a-t-il averti, citant également les menaces sur les droits humains, la santé mentale et l’éducation des jeunes.
Yaiche a insisté sur la nécessité de réguler l’IA sans freiner l’innovation. Il a rappelé que l’expansion technologique ne doit pas se faire au détriment des familles, des emplois ou de la sécurité nationale, et a plaidé pour une approche collective, méditerranéenne, fondée sur des standards internationaux.
Pour la Tunisie, il a souligné l’importance de mobiliser les talents locaux, estimant que le pays produit 25 000 ingénieurs par an, dont 60 % de femmes, et dispose d’une diaspora hautement qualifiée. Cependant, il a averti que ces talents risquent de quitter le pays faute d’opportunités. La solution réside dans un trio : exploiter les compétences locales, développer l’IA à la pointe et trouver des solutions énergétiques propres, notamment via le photovoltaïque. « Sans énergie, on ne pourra pas faire de compute ni de super compute », a-t-il insisté.
Enfin, Yaiche a appelé à un effort collectif, soulignant l’importance de coopérer entre talents, secteur privé, administration et partenaires internationaux. « Si nous travaillons ensemble, nous ne pouvons que gagner », a-t-il conclu, affirmant que la Tunisie dispose des moyens pour transformer ses ressources humaines et naturelles en un moteur durable d’innovation et de prospérité pour la Méditerranée.








