À l’occasion de la Journée mondiale de l’entrepreneuriat féminin le 19 novembre, retour sur cinq parcours qui ont bousculé les codes et ouvert la voie à des générations d’innovatrices.
Madam C. J. Walker : de blanchisseuse à icône économique
Issue de l’adversité, Sarah Breedlove, née en 1867 de parents autrefois esclaves, devient Madam C. J. Walker grâce à sa vision et sa ténacité. Confrontée à des problèmes de cuir chevelu, elle développe une formule à base de souffre pour la pousse des cheveux.
Son modèle économique est ingénieux : elle vend au porte-à-porte, forme des “beauty culturists” et construit un réseau de distribution national.
En 1910, elle installe son siège social et une usine à Indianapolis, crée des écoles de formation et embauche des milliers de femmes afro-américaines.
Parallèlement, elle investit ses revenus dans la philanthropie : bourses, soutien à la NAACP… à une époque où les obstacles raciaux et sociaux sont énormes.
À sa mort en 1919, elle laisse un héritage solide : non seulement un empire économique, mais une source d’autonomisation pour de nombreuses femmes noires.
Coco Chanel : l’empire du style minimaliste
Gabrielle “Coco” Chanel, née en 1883, construit un empire mode en partant de presque rien. Après avoir ouvert un atelier de chapeaux à Paris, elle révolutionne la mode féminine en utilisant des tissus simples comme le jersey, jusqu’alors réservé aux vêtements masculins.
En 1921, elle lance Chanel N°5, un parfum qui devient l’épine dorsale de son business : le flacon simple, le branding épuré, tout renvoie à son esthétique de modernité.
Chanel ne se contente pas de créer des pièces : elle invente une vision, un style de vie. Sa marque incarne à la fois luxe, indépendance et élégance intemporelle — un positionnement qui perdure aujourd’hui.
Estée Lauder : la magicienne du marketing cosmétique
Josephine Esther “Estée” Lauder (née en 1908) cofonde sa marque cosmétique en 1946 avec son mari. Dès le départ, elle mise sur des échantillons gratuits et des démonstrations personnalisées, stratégies peu courantes à l’époque mais hyper efficaces.
Son coup de génie : en 1953, elle lance Youth Dew, un bain-huile qui sert également de parfum. Le produit devient un best-seller et propulse la marque sur le marché international.
Sous sa direction, l’entreprise grandit, entre dans des points de vente prestigieux, et se transforme en un empire cosmétique présent dans plus de 140 pays. Sa philosophie : entretenir des relations authentiques avec les clientes, tout en gardant une approche rigoureuse du business.
Ces deux femmes ont marqué la Tunisie et visent le monde :
Malek Boukthir: ingénieure de la durabilité à la tête d’EcoFeed
À seulement 28 ans, Malek Boukthir incarne l’alliance entre science, écologie et entrepreneuriat social. Titulaire d’un doctorat en génie chimique, elle fonde EcoFeed, une startup basée à Gabès qui valorise les déchets agricoles et marins pour produire des aliments durables pour le bétail.
Son projet naît d’un constat fort : la crise fourragère qui a fragilisé les élevages dans sa région. Elle transforme cette urgence en opportunité, en développant un procédé écologique (sécheur, fermentation, énergie propre) qui convertit des sous-produits en nutriments animaux à haute valeur.
Plus qu’un simple business, EcoFeed est conçu comme une entreprise à impact : elle réduit les importations d’aliments pour animaux, soutient les petits éleveurs et réduit le gaspillage organique.
Son parcours est aussi jalonné de reconnaissance : elle est élue Femme Entrepreneure de l’Année 2025 lors des Trophées Femmes Entrepreneures de Tunisie (FET), tout en remportant le prix Jeun’ESS dans l’économie sociale et solidaire.
Malek Boukthir est un exemple frappant de la manière dont les jeunes entrepreneuses tunisiennes redéfinissent l’innovation : non seulement par la technologie, mais par une vision durable profondément ancrée dans les réalités locales.
Mbarka Mbarki : de Tozeur à l’huile de noyaux de datte avec Oasissia
Originaire de Tozeur, Mbarka Mbarki porte un projet à la croisée de l’agriculture traditionnelle et de l’entrepreneuriat éthique. Enseignante d’anglais de formation, elle décide en 2019 de lancer Oasissia, une entreprise dédiée à la valorisation des déchets d’oasis, notamment les noyaux de dattes, pour en extraire une huile précieuse.
L’idée est à la fois simple et puissante : au lieu de jeter les noyaux, Mbarka les trie, les transforme, et en fait une ressource pour des produits cosmétiques naturels (savons, gommages, crèmes).
Son initiative ne passe pas inaperçue : en 2024, elle est élue “Femme entrepreneure de l’année” lors des Trophées FET. Le projet d’Oasissia profite aussi à l’économie locale : création d’emplois, collecte des noyaux auprès des agriculteurs, et respect d’un modèle durable.
Mbarka Mbarki est un exemple de résilience : elle quitte une trajectoire classique d’enseignante pour innover dans l’agro-écologie, tout en valorisant le patrimoine naturel et culturel de sa région natale.







