Le tourisme tunisien, représentant près de 10% du PIB en intégrant ses activités connexes, demeure un pilier essentiel de l’économie nationale et mondiale. C’est le message central d’Ahmed El Karam, coordinateur de la neuvième édition du Tunisia Economic Forum, lors de son mot d’ouverture, qui s’est tenu le 18 septembre 2025 à l’IACE, sur le thème «Le tourisme en Tunisie: vers de nouveaux horizons».
Après avoir été durement frappé par la crise du Covid-19, le secteur a connu un rebond remarquable, confirmant son importance stratégique. Toutefois, El Karam a souligné que le modèle tunisien, longtemps centré sur le balnéaire «soleil et mer», doit impérativement se diversifier pour s’adapter aux mutations mondiales.
Parmi les priorités évoquées figurent la résolution de l’endettement du secteur hôtelier – près de 20% des établissements étant fermés en raison de difficultés bancaires – ainsi que la nécessité d’adopter une stratégie claire sur la question du ciel ouvert, devenue incontournable à l’ère du low cost. La propreté des zones touristiques et la formation continue des cadres et employés constituent également des conditions sine qua non pour améliorer la compétitivité du pays.
Au niveau international, El Karam a mis en avant trois grandes tendances que la Tunisie doit intégrer: la montée en puissance des technologies et des plateformes de réservation, l’attrait croissant pour des expériences immersives mêlant culture et société locales, et enfin la prise en compte de l’impact écologique dans les choix des voyageurs.
Face à ces mutations, plusieurs niches porteuses ont été identifiées. D’abord le tourisme des seniors, dont la clientèle est en pleine expansion dans les pays développés, avec pour atouts la douceur du climat tunisien et une fiscalité avantageuse pour les retraités européens. Ensuite, le tourisme de santé, qui bénéficie de l’expertise médicale locale et d’infrastructures modernes, à condition de renforcer la coordination entre acteurs et de conclure des conventions avec les systèmes de sécurité sociale européens. Le tourisme écologique, le luxe et les maisons d’hôtes figurent aussi parmi les leviers de diversification. Enfin, l’hébergement chez l’habitant pourrait constituer une nouvelle source de revenus pour les familles tunisiennes, à condition d’un encadrement réglementaire adéquat.
Pour El Karam, l’avenir du tourisme tunisien repose sur une révision profonde du cadre réglementaire, une vision stratégique globale et une meilleure coordination interministérielle. «Le tourisme n’est pas un secteur accessoire, mais un secteur prioritaire pour le développement du pays», a-t-il conclu.